Histoire des jeux vidéo

Mobile Suit Gundam

Le premier jeu Gundam sorti sur Playstation

Illustration

Mobile Suit Gundam – PlayStation (1995)

En 1995, Bandai décide de faire entrer la franchise Mobile Suit Gundam dans une nouvelle ère en développant un jeu exclusif pour la toute récente console de Sony, la PlayStation. Intitulé simplement **Mobile Suit Gundam**, ce titre marque un tournant, non seulement pour les adaptations vidéoludiques de la série, mais aussi pour la manière de transposer l’univers militaro-politique de Gundam dans un environnement en trois dimensions. Avec cette sortie, Bandai cherche à exploiter les capacités techniques avancées de la nouvelle console pour proposer une expérience immersive proche de ce qu’on pouvait imaginer en regardant l’anime d’origine.

Contexte et ambition du projet

Ce jeu sort dans un contexte particulier. La PlayStation est alors en pleine ascension, et le marché du jeu vidéo au Japon est en effervescence. Pour Bandai, la volonté est claire : capitaliser sur la popularité de Gundam tout en proposant un jeu au style plus réaliste, visant à plaire à la fois aux fans de la première heure et aux joueurs curieux attirés par l’aspect technique et immersif des nouvelles consoles 32 bits.

Le jeu adapte **la série Mobile Suit Gundam de 1979**, aussi appelée "First Gundam", et plonge le joueur au cœur du conflit entre la Fédération Terrienne et le Duché de Zeon, dans le cadre de la **Guerre d’Un An**.

Système de jeu et structure

Le gameplay de Mobile Suit Gundam sur PlayStation se présente comme une **simulation de combat en 3D**, vue à la première ou à la troisième personne selon les phases de jeu. Le joueur incarne un pilote de Mobile Suit, aux commandes d’un **RX-78-2 Gundam**, évoluant dans différents champs de bataille inspirés directement de l’anime original.

Le jeu est divisé en **missions successives**, souvent en milieux ouverts, avec des objectifs allant de l’élimination de toutes les unités ennemies à la protection de cibles spécifiques ou à l’infiltration de bases. L'accent est mis sur :

- la **gestion des déplacements** du Gundam dans des environnements en 3D (souvent urbains ou désertiques)

- l’**utilisation stratégique des armes** embarquées (fusil à impulsions, sabre laser, bouclier)

- la **visée semi-libre**, qui demandait au joueur un minimum de précision malgré la relative lourdeur des contrôles

À cette époque, l’usage de la 3D polygonale était encore expérimental pour de nombreux studios, et cela se ressent dans l’interface, parfois rigide, et dans la maniabilité générale du Gundam, lourde mais cohérente avec le design de la machine.

Le HUD affiche des informations de navigation, l’état du Mobile Suit, ainsi qu’un radar minimaliste. La lisibilité reste correcte malgré une interface un peu chargée.

Graphismes et ambiance

Pour un jeu de 1995, les graphismes en 3D sont **relativement impressionnants**. Bien que rudimentaires par rapport aux standards actuels, ils témoignent de l’effort de Bandai pour immerger le joueur dans un champ de bataille mécanique crédible. Les Mobile Suits sont modélisés avec soin pour l’époque, et les effets sonores renforcent bien l’impression de puissance lors des combats.

Les séquences de transition entre les missions utilisent des extraits animés reprenant des moments clés de l’anime, ce qui participe à l'immersion narrative. Ces scènes, combinées à la bande-son originale, constituent l’un des points forts du jeu, en renforçant la fidélité à l’œuvre d’origine.

Difficulté et prise en main

Le jeu est **exigeant**, parfois même frustrant. Les commandes nécessitent un temps d’adaptation, notamment à cause de l’inertie des machines et du système de visée encore perfectible. Cependant, pour les joueurs persévérants, le sentiment de contrôle sur le champ de bataille devient gratifiant au fil de la progression.

La difficulté est surtout marquée par une **IA agressive**, des munitions limitées, et une gestion parfois punitive de la santé et des échecs de mission. On sent que le jeu est destiné à un public déjà amateur de l’univers Gundam ou attiré par la simulation robotique plus réaliste.

Réception et impact

À sa sortie, le jeu a reçu des **critiques mitigées à positives** au Japon. Les fans ont salué la fidélité de l’adaptation, la reconstitution de l’univers de la Guerre d’Un An, et la volonté de créer une simulation sérieuse, loin des jeux d’action classiques.

Cependant, la **courbe d’apprentissage abrupte**, les graphismes parfois austères, et l’absence de localisation occidentale ont limité sa portée à l’international. Il est resté **exclusif au Japon**, et n’a connu qu’un succès modéré au sein du grand public, bien qu’il soit aujourd’hui considéré comme une **étape importante dans l’histoire vidéoludique de Gundam**.

Héritage

Mobile Suit Gundam sur PlayStation a posé les bases de nombreux jeux futurs centrés sur la simulation de combat en Mobile Suit. Il a également ouvert la voie à une série de titres plus ambitieux sur PlayStation et PlayStation 2, avec un gameplay mieux maîtrisé et un moteur 3D plus fluide.

Il est aujourd’hui vu comme un pionnier maladroit mais courageux, un jeu qui a tenté de faire passer Gundam dans une nouvelle dimension vidéoludique avec sérieux, parfois au détriment de la fluidité de jeu, mais avec un vrai respect pour l’œuvre d’origine.