Histoire des jeux vidéo

Earthworm Jim

Quand les vers de terre deviennent des héros : l’âge d’or de l’humour et de la créativité vidéoludique

Illustration

Chapitre I – La genèse d’un ver de terre pas comme les autres

En 1994, au cœur de l’âge d’or des consoles 16 bits, un jeu improbable fit irruption sur la scène vidéoludique : Earthworm Jim, développé par le studio américain Shiny Entertainment et édité par Playmates Interactive Entertainment.
Le projet naît de la volonté du programmeur David Perry (déjà connu pour Cool Spot et Aladdin sur Mega Drive) de créer une mascotte originale capable de rivaliser avec Mario, Sonic ou Donkey Kong.

Mais plutôt que d’imiter les modèles établis, Perry et son équipe décident d’en rire. Ils inventent alors Jim, un simple ver de terre qui devient super-héros après avoir enfilé une combinaison spatiale tombée du ciel. Le concept est absurde, mais génial : il détourne les clichés du jeu de plateforme tout en les sublimant.

Le chara-design, confié à Doug TenNapel, apporte une touche cartoonesque inédite. Le résultat : une esthétique entre Looney Tunes et Tex Avery, avec des animations fluides et des gags visuels permanents.


Chapitre II – Une aventure loufoque et survoltée

Le joueur incarne Jim à travers plusieurs niveaux truffés de pièges, d’ennemis grotesques et de références humoristiques.
L’objectif ? Sauver la princesse What’s-Her-Name (« Comment-elle-s’appelle »), des griffes de l’ignoble Psy-Crow, tout en affrontant des boss aussi absurdes que mémorables :

Chaque niveau possède son propre ton, sa musique, ses idées de gameplay et souvent un humour méta qui brise le quatrième mur. Certaines phases, comme la course de Jim sur son fusée ou le niveau For Pete’s Sake! (où il faut protéger un chien capricieux), ont marqué durablement les joueurs par leur inventivité.


Chapitre III – Une prouesse technique et artistique sur 16 bits

Sorti d’abord sur Mega Drive puis porté sur Super Nintendo, Earthworm Jim était un bijou technique pour l’époque.
Le moteur développé par Shiny exploitait pleinement les capacités des consoles :

Sur Mega Drive, le jeu impressionne par sa réactivité et sa précision de contrôle. La version Super Nintendo, légèrement plus colorée, souffre en revanche d’un léger ralentissement et de quelques effets manquants.

Chaque portage conserve néanmoins le charme de l’original, et Earthworm Jim deviendra rapidement un standard artistique du pixel art des années 90.


Chapitre IV – L’humour comme moteur du gameplay

L’une des grandes forces d’Earthworm Jim réside dans son autodérision constante.
Chaque action semble tournée vers le gag : tirer sur les ennemis avec un fusil démesuré, se balancer avec la tête du ver comme un lasso, ou encore être catapulté hors de l’écran par une vache qui tombe du ciel — un running gag devenu emblématique.

Cet humour slapstick, associé à une difficulté élevée, donne au jeu une identité unique : celle d’un titre aussi exigeant que délirant. Earthworm Jim réussit à faire rire le joueur tout en le mettant au défi, un équilibre rare que peu de jeux ont su retrouver depuis.


Chapitre V – Une saga et un héritage

Fort de son succès critique et commercial, Earthworm Jim engendra plusieurs suites :

Le héros devint également la star d’une série animée diffusée sur la chaîne américaine Kids’ WB! entre 1995 et 1996, où l’humour absurde fut encore amplifié.

Aujourd’hui, la licence reste l’un des symboles de l’âge d’or des jeux de plateforme 16 bits, et incarne parfaitement la liberté créative d’une époque où tout semblait possible.


Verdict final

Critère Note /20 Commentaire
Graphismes 18 Animation fluide, direction artistique unique, véritable bande dessinée interactive.
Animation 19 Un modèle de dynamisme et d’expressivité ; chaque mouvement raconte quelque chose.
Son & musique 17 Bande-son énergique et humoristique, bruitages mémorables.
Gameplay 16 Précis et nerveux, mais parfois trop exigeant.
Intérêt global 18/20 Un chef-d’œuvre d’humour et de style, qui a redéfini le jeu de plateforme par son audace.

Earthworm Jim n’est pas seulement un excellent jeu de plateforme ; c’est une satire joyeuse du genre et une déclaration d’amour à l’animation et à la folie créative.
Grâce à son humour absurde, ses graphismes somptueux et son gameplay frénétique, il symbolise à merveille cette époque où les studios osaient tout.
Un classique qui prouve qu’un simple ver de terre peut, avec assez d’audace, entrer dans la légende.