Lorsque la Mega-CD (ou Sega CD) arrive sur le marché, Sega mise tout sur un argument : la puissance du support CD-ROM, capable d’offrir des bandes-son orchestrales, des cinématiques animées et une mémoire de stockage colossale comparée aux cartouches. Prince of Persia est alors choisi comme l’un des titres phares pour démontrer ce potentiel.
L’objectif est clair : rehausser l’expérience originale de 1989 en y ajoutant un vernis technique digne d’un jeu de nouvelle génération, sans trahir l’esprit du jeu d’origine. Le défi est de taille : adapter une œuvre culte de micro-ordinateur (Apple II, PC) à un système 16-bits conçu pour les consoles de salon.
⚙️ Réalisation technique et améliorations
La version Sega CD propose un relookage complet :
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Graphismes retravaillés : les décors gagnent en profondeur, avec des teintes dorées et des effets de lumière qui rendent les donjons et les palais beaucoup plus immersifs.
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Animations fluides : les mouvements du Prince restent fidèles à la rotoscopie originale de Mechner, mais la fluidité est supérieure à celle de la version Mega Drive.
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Bande-son réorchestrée : grâce au support CD, la musique bénéficie d’instruments numériques de qualité quasi orchestrale, renforçant l’ambiance orientale et dramatique du jeu.
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Scènes cinématiques inédites : de courtes animations et images fixes introduisent les événements clés (enlèvement de la princesse, duel final, etc.), donnant à l’ensemble un ton narratif plus affirmé.
⛓️ Les limites et les défauts
Malgré ses qualités, la version Sega CD n’est pas parfaite :
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Le temps de chargement entre certaines salles ou transitions peut casser le rythme.
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La jouabilité, fidèle à l’original, reste rigide pour les joueurs habitués aux standards des consoles 16-bits de l’époque.
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Le contenu reste identique à la version classique, sans niveaux inédits ni véritables bonus, ce qui peut frustrer ceux qui espéraient une refonte totale.
Mais ces défauts sont compensés par une ambiance exceptionnelle, presque unique dans le catalogue de la Mega-CD.
💫 Un charme singulier
L’expérience Sega CD se distingue par sa mise en scène, plus solennelle, plus tragique. Les musiques amplifient la tension, la réverbération du son donne un relief inédit aux couloirs et aux salles du palais. On y ressent une dramatisation de l’aventure : le joueur n’incarne plus seulement un héros agile, mais un personnage tragique pris dans une légende persane.
🧩 Verdict final
| Catégorie | Note / Appréciation |
|---|---|
| Graphismes | 16/20 — L’une des plus belles versions 16-bits de Prince of Persia. Couleurs riches et décors détaillés. |
| Animation | 17/20 — Mouvements réalistes, fluidité exemplaire pour l’époque. |
| Son | 18/20 — Superbes musiques CD, ambiance orientale envoûtante. |
| Gameplay | 14/20 — Fidèle à l’original, mais exigeant et parfois frustrant. |
| Intérêt global | 16/20 — Une version prestigieuse, cinématographique et élégante, qui sublime le jeu sans le trahir. |
🏺 Conclusion
La version Sega CD de Prince of Persia est sans doute la plus aboutie techniquement de toutes les adaptations 16-bits. Elle conserve le charme sobre et l’élégance du jeu d’origine tout en lui donnant une aura épique. Si elle n’invente rien, elle transcende pourtant tout ce que le jeu de 1989 pouvait offrir, et demeure aujourd’hui une perle rare pour les collectionneurs et les amateurs d’histoire vidéoludique.