Chapitre I – Le contexte : un adieu en pleine mutation
À la fin des années 1990, la scène du jeu de combat est en pleine mutation. La 3D s’impose avec Tekken 3, Virtua Fighter 3 et Soul Blade, tandis que la 2D semble réservée à quelques irréductibles comme SNK et Capcom.
Dans ce paysage changeant, TGL décide pourtant de poursuivre la tradition 2D avec Advanced V.G. 2. L’objectif est clair : proposer une ultime démonstration de la richesse esthétique et mécanique du style qui avait fait le succès des épisodes précédents.
L’équipe de développement réunit une partie du staff historique de la série, déjà à l’origine des versions PC-98 et Saturn, et entend pousser la PlayStation dans ses derniers retranchements pour offrir une expérience fluide, élégante et cohérente avec l’univers de Variable Geo.
Chapitre II – Une histoire de femmes, de rivalités et d’honneur
Le scénario d’Advanced V.G. 2 s’inscrit dans la continuité directe des précédents épisodes. Le tournoi Variable Geo reprend, réunissant les plus grandes combattantes du Japon dans un mélange d’enjeux sportifs et émotionnels.
Yuka Takeuchi, héroïne emblématique de la série, retrouve ses rivales Jun Kubota, Chiho Masuda et Kaori Yanase, tandis que de nouvelles arrivantes viennent troubler l’équilibre des forces.
Entre les combats, le jeu intègre de longues séquences dialoguées façon visual novel, agrémentées de portraits animés et de doublages japonais d’excellente qualité. Cette intégration narrative, rare à l’époque pour un jeu de combat, permet au joueur de s’attacher véritablement aux personnages, et renforce la dimension humaine du tournoi.
Ce choix de mise en scène donne à Advanced V.G. 2 une identité propre : celle d’un jeu de combat où la victoire n’est pas qu’une affaire de réflexes, mais aussi de volonté, de rivalité et d’amitié.
Chapitre III – Une 2D magistrale dans l’ère de la 3D
Graphiquement, Advanced V.G. 2 est un petit bijou. Les sprites sont redessinés dans un style plus fluide et détaillé que dans les épisodes précédents. Les animations bénéficient d’une souplesse rarement vue sur PlayStation, et les effets de zoom ou d’éclairage donnent aux affrontements un relief remarquable pour un jeu en 2D pure.
Les décors ne sont pas en reste : temples, stades, plages et ruelles urbaines profitent d’un travail minutieux sur la lumière et les arrière-plans animés. Chaque combat se déroule dans un environnement vivant, cohérent avec le style de la combattante qui l’habite.
Ce choix esthétique, assumé à contre-courant de la mode polygonale, confère au jeu un charme intemporel. Là où la 3D vieillira souvent mal, la 2D d’Advanced V.G. 2 garde encore aujourd’hui toute sa noblesse.
Chapitre IV – Un système de combat souple et stratégique
Le gameplay, cœur battant du titre, illustre la maturité du studio.
Les bases restent accessibles : coups légers, forts, et attaques spéciales s’enchaînent facilement grâce à des commandes précises et une détection des collisions irréprochable. Mais derrière cette simplicité apparente se cache une réelle profondeur.
Les gardes, contres, feintes et “Super Moves” exigent du timing, tandis que chaque combattante possède un style propre, du karaté rigoureux de Yuka à la grâce acrobatique de Manami.
Les combos sont plus fluides que dans Advanced V.G. premier du nom, et l’équilibrage globalement réussi : aucune héroïne ne domine outrageusement, ce qui donne lieu à des affrontements équilibrés, presque chorégraphiques.
Le titre brille surtout en versus, où deux joueurs peuvent réellement mesurer la subtilité de leurs enchaînements.
Chapitre V – Ambiance et son : le raffinement discret
L’identité sonore d’Advanced V.G. 2 contribue grandement à son atmosphère.
Les musiques, mélange de rock mélodique et de synthés dramatiques, s’accordent parfaitement au ton du jeu.
Chaque thème de personnage évoque sa personnalité, et les bruitages — percussions, impacts, cris — sont d’une netteté exemplaire pour un jeu PlayStation.
Le doublage intégral en japonais renforce l’immersion, d’autant plus que les actrices vocales, issues du monde de l’animation, livrent des performances pleines d’énergie.
Ce soin apporté à l’audio témoigne du respect du studio envers sa communauté, attentive à l’univers narratif et émotionnel du Variable Geo Tournament.
Verdict final
Graphismes : 17/20
Un sommet de la 2D sur PlayStation. Les personnages sont détaillés, les décors somptueux, et l’animation soignée. Un style visuel qui n’a pas pris une ride.
Animation : 16/20
Dynamique et précise, elle ne souffre que de rares ralentissements en mode histoire. Les enchaînements sont d’une belle fluidité.
Son : 18/20
Une bande-son remarquable, doublages expressifs et thèmes inoubliables. Un travail d’orfèvre qui confère au jeu une véritable âme.
Gameplay : 17/20
Accessible sans être simpliste, profond sans être obscur. Le système de combat atteint ici son apogée dans la série.
Intérêt global : 17/20
Advanced V.G. 2 représente à la fois l’apogée et le chant du cygne d’une série atypique.
À une époque où les jeux de combat misaient sur la puissance graphique et la 3D, il prouve que la 2D, lorsqu’elle est servie par un vrai sens artistique et une mécanique affûtée, peut encore rivaliser en intensité et en beauté.
C’est un jeu élégant, maîtrisé, à la personnalité unique — une œuvre qui conclut la saga Variable Geo avec panache, et qui reste aujourd’hui encore un témoin précieux de l’audace et du raffinement des jeux japonais de la fin des années 1990.