Kidō Senshi Gundam F91: Senki 0122 (Super Famicom, 1991)
Sorti en 1991,la même année que le film Mobile Suit Gundam F91 réalisée par Yoshiyuki Tomino, Bandai lance sur Super Famicom un jeu vidéoludique directement inspiré de cet univers.
Kidō Senshi Gundam F91: Senki 0122 est un jeu stratégique et narratif constitue l’un des premiers titres à exploiter l’univers F91 dans le média vidéoludique. Bien qu’il ne soit jamais sorti hors du Japon, il demeure une pierre angulaire dans l’histoire des jeux Gundam pour son approche tactique, sa fidélité à l’univers UC (Universal Century) et la façon dont il a su introduire la licence F91 auprès du public gamer japonais.
Un contexte narratif inédit
L’histoire du jeu se déroule peu de temps avant les événements de l’anime Gundam F91, précisément en l’an UC 0122. Alors que l’ombre du Crossbone Vanguard commence à s’étendre sur les colonies, le joueur incarne un commandant de la Fédération Terrienne, en charge de défendre les intérêts de la Terre face aux velléités expansionnistes de cette faction aristocratique et radicale. Contrairement à l’anime, où l’on suit les aventures de Seabook Arno, ici le joueur est plongé dans des missions militaires aux enjeux stratégiques globaux, donnant une vue d’ensemble sur les tensions géopolitiques de cette période charnière du calendrier UC.
Le gameplay : une approche tactique au tour par tour
Kidō Senshi Gundam F91: Senki 0122 adopte un gameplay résolument orienté vers la stratégie au tour par tour. À l’instar d’un *Advance Wars* ou d’un *Fire Emblem*, le joueur déplace ses unités sur une grille isométrique où chaque case représente un terrain avec ses avantages ou inconvénients en matière de déplacement, de défense et de visibilité. Chaque mission débute par une phase de déploiement, au cours de laquelle le joueur sélectionne les unités mobiles (Mobile Suits) à engager, choisit leur armement et organise leur répartition stratégique.
Les unités disponibles varient en fonction de la mission, mais incluent de nombreux modèles tirés de la série F91 comme le F91 Gundam, les Den’an Zon, Den’an Gei ou encore les Guntanks modernisés de la Fédération. Chaque unité possède ses propres statistiques : mobilité, portée, puissance d’attaque, blindage, capacité de réaction, etc. Les combats se déclenchent lorsqu’une unité entre dans le rayon d’action d’une autre. Les affrontements sont représentés à travers de petites animations où les Mobile Suits échangent tirs ou attaques de mêlée, bien que celles-ci restent très sommaires en raison des limitations techniques de la Super Famicom.
L’intelligence artificielle est relativement rigide mais propose une résistance correcte. Le jeu est surtout exigeant dans sa gestion des ressources, des placements et des renforts. La courbe de difficulté est bien dosée, avec des missions de plus en plus complexes demandant une coordination parfaite et une lecture attentive du champ de bataille.
Un style graphique propre à l’époque et fidèle au matériau d’origine
Visuellement, le jeu arbore un style très classique pour la Super Famicom, avec des sprites petits mais distincts et des cartes représentées de manière fonctionnelle. Les couleurs sont bien choisies, et les portraits des pilotes, présents dans les dialogues et briefings, sont fidèles au style Gundam de l’ère F91, bien que certains personnages soient des créations originales pour les besoins du jeu.
Les cartes de bataille sont diversifiées, allant des colonies spatiales aux zones urbaines en orbite, en passant par des bases militaires et des vaisseaux. Chaque environnement influe sur la mobilité des unités, ce qui force le joueur à adapter sa stratégie à chaque mission.
La musique, quant à elle, est composée de thèmes originaux dans un style orchestral synthétisé, souvent solennel ou martial, dans le ton de l’univers Gundam. Les bruitages sont modestes mais efficaces, avec des sons distinctifs pour chaque arme ou type d’action.
Une expérience narrative renforcée
Ce qui distingue Kidō Senshi Gundam F91: Senki 0122 de nombreux jeux de stratégie de l’époque, c’est la richesse de son contexte narratif. Le scénario se développe à travers des dialogues entre les missions, des rapports d’état-major et des échanges entre officiers supérieurs. On y retrouve les grandes thématiques chères à l’univers Gundam : la guerre vue comme une tragédie humaine, la montée des idéologies autoritaires, le poids des décisions stratégiques, le rôle des pilotes dans un conflit plus vaste.
Même si la majorité des personnages ne sont pas issus de la série animée Gundam F91, leur traitement sérieux et leur caractérisation apportent une certaine immersion. Le jeu donne le sentiment de participer à un conflit plus large que celui montré dans l’animation, en mettant l’accent sur les rouages politiques et militaires de l’époque.
Un titre réservé au public japonais mais très respecté des fans
Non traduit officiellement, le jeu est resté confidentiel à l’extérieur du Japon. Pourtant, il a su séduire les fans japonais de Gundam, notamment ceux qui recherchaient une expérience plus cérébrale que les titres d’action SD Gundam contemporains. Sa fidélité au lore, sa mécanique de jeu stratégique et sa capacité à élargir la mythologie de F91 en font un titre respecté, bien que rarement cité dans les classements occidentaux faute de diffusion.
Aujourd’hui, Kidō Senshi Gundam F91: Senki 0122 reste une pièce intéressante pour les collectionneurs et amateurs d’histoire vidéoludique. Des traductions amateurs ont permis à une partie du public occidental de découvrir ce jeu et de l’intégrer à la chronologie étendue des titres Gundam.