Histoire des jeux vidéo

Turrican (1990)

La fusion parfaite entre action, exploration et prouesse technique

Illustration

Chapitre I – Le choc Turrican : quand la micro devient légendaire

En 1990, le paysage vidéoludique européen est bouleversé par un titre venu d’Allemagne : Turrican, développé par Factor 5 et conçu par le talentueux Manfred Trenz. Sorti initialement sur Commodore 64, puis adapté sur Amiga, Atari ST, Amstrad CPC, ZX Spectrum, Mega Drive, PC Engine, Game Boy et Amiga CDTV, le jeu symbolise l’apogée de la micro-informatique européenne.
Turrican n’est pas un simple run and gun : c’est un chef-d’œuvre d’équilibre entre brutalité arcade et exploration ouverte. Inspiré par Metroid et Contra, il combine tirs frénétiques, niveaux labyrinthiques et une direction artistique d’avant-garde. Pour toute une génération, il a incarné la puissance des machines 16 bits et la créativité sans limites des développeurs indépendants.


Chapitre II – Gameplay : la liberté d’un super-soldat cybernétique

Le joueur incarne Bren McGuire, soldat transformé en guerrier d’acier après la destruction de son unité par l’Empire des Machines. Armé d’une combinaison high-tech, le héros explore des mondes variés où chaque zone est un labyrinthe vertical et horizontal, regorgeant d’ennemis, de pièges et de secrets cachés.
L’arsenal du joueur est impressionnant : tir multidirectionnel, faisceau rotatif dévastateur, mines, smart-bombs, et même la possibilité de se transformer en boule destructrice — clin d’œil évident à Metroid.
Ce qui frappe le plus, c’est l’équilibre : la liberté d’exploration se marie à un rythme d’action soutenu, sans jamais tomber dans la confusion. Turrican offre une impression de grandeur rare pour l’époque : chaque niveau est une œuvre d’ingénierie ludique où le joueur se perd avec plaisir.


Chapitre III – Réalisation technique : une symphonie de pixels et de puissance

Sur Amiga, Turrican repousse les limites de la machine. Les graphismes débordent de détails, les parallaxes multiples créent une profondeur saisissante, et les explosions illuminent l’écran sans ralentissement.
Mais le vrai miracle, c’est la bande-son légendaire de Chris Huelsbeck. Ses compositions, épiques et mélodiques, transcendent le jeu et marquent à jamais la culture vidéoludique. Des morceaux comme The Desert Rocks ou Final Fight résonnent encore comme des hymnes du pixel-art européen.
Les versions sur d’autres supports, notamment Mega Drive et PC Engine, conservent l’essentiel de cette magie, même si l’Amiga reste la version de référence pour sa fluidité et sa sonorité.


Chapitre IV – Héritage et influence : l’école Turrican

Turrican a posé les bases d’un genre hybride entre shooter, plate-forme et exploration, préfigurant ce qu’on appellera plus tard le Metroidvania. Il a inspiré une multitude de créateurs, de Gunlord à Axiom Verge, en passant par Contra: Hard Corps.
Ses suites — Turrican II: The Final Fight (1991) et Mega Turrican (1993) — ont raffiné la formule sans jamais trahir l’esprit originel.
Au-delà de son gameplay, Turrican symbolise la résistance du jeu européen face à la domination japonaise et américaine des années 90. Il prouvait qu’un petit studio pouvait rivaliser avec les géants du secteur par le génie et la passion.

Turrican demeure un monument intemporel. Sa technique éblouissante, son level design labyrinthique et sa musique mythique en font un pilier du jeu d’action-aventure. Même des décennies plus tard, il conserve une aura quasi mystique.
Joué sur Amiga, il reste une expérience audiovisuelle incomparable ; sur consoles, une aventure viscérale et exigeante.
Note finale : 17/ 20
Un chef-d’œuvre absolu du pixel, où puissance, liberté et mélodie se fondent dans une symphonie mécanique inoubliable.
En 1990 Turrican n’est pas seulement un jeu d'actions parmi tant d'autres : c’est un manifeste de la créativité européenne à son apogée.