Histoire des jeux vidéo

Shinobi : Art Of Vengeance

Le retour du ninja le plus célèbre de Sega

Illustration

Sorti le 29 août 2025 sur PlayStation 5 et Xbox Series, Shinobi : Art of Vengeance marque le grand retour de la mythique licence de SEGA, dans une relecture moderne qui conjugue hommage et renouveau. Après plus de dix ans d’absence, la série fait peau neuve en adoptant un ton plus mature et une direction artistique à mi-chemin entre le réalisme et le style manga traditionnel, tout en conservant l’essence qui a fait le succès des premiers épisodes : la vitesse, la précision et la maîtrise du sabre.

Dès ses premières minutes, le jeu impressionne par sa mise en scène cinématographique. L’intrigue suit Jiro Musashi, descendant direct du célèbre Joe Musashi, dans une quête de vengeance au cœur d’un Japon néo-féodal où la technologie et les traditions ancestrales s’entrechoquent. Cette fusion d’univers crée une atmosphère unique : les temples millénaires côtoient des néons, les shurikens croisent les drones, et la vengeance s’inscrit dans une lutte morale entre honneur et modernité.

Le gameplay repose sur une alternance fluide entre infiltration et combat. SEGA et son équipe interne de Ryu Ga Gotoku Studio ont misé sur un système de combat rapide et technique, où chaque mouvement compte. Les enchaînements de sabre, les esquives précises et l’utilisation du « Shadow Step » — une capacité permettant de se déplacer instantanément d’une ombre à une autre — donnent au joueur un sentiment constant de puissance et de maîtrise. L’intelligence artificielle des ennemis, plus réactive qu’auparavant, pousse à observer avant d’agir, rendant chaque affrontement aussi stratégique que spectaculaire.

Graphiquement, Shinobi : Art of Vengeance tire pleinement parti de la nouvelle génération. Les effets de lumière dynamique, la finesse des textures et l’animation des tissus ou des particules de sang témoignent d’un soin impressionnant apporté à la mise en scène. Le moteur propriétaire de SEGA offre un rendu fluide à 60 images par seconde, même dans les scènes d’action les plus intenses. La bande-son, signée par Yuzo Koshiro — compositeur légendaire des premiers opus —, revisite les thèmes classiques avec des orchestrations modernes mêlant percussions japonaises et synthétiseurs sombres.

Mais le jeu ne se contente pas de briller sur le plan technique : il se distingue aussi par la profondeur de son récit. L’histoire explore les dilemmes moraux d’un ninja pris entre sa loyauté au clan et son désir de justice personnelle. Certains chapitres, jouables du point de vue de ses ennemis, viennent brouiller les frontières entre bien et mal, conférant à l’ensemble une dimension tragique rare dans le genre.

Critiquement, Shinobi : Art of Vengeance a été salué pour sa mise à jour réussie d’une licence culte, son gameplay nerveux et son univers immersif. Certains joueurs ont néanmoins noté une difficulté exigeante, rappelant les jeux d’action des années 2000, et quelques séquences d’infiltration jugées un peu rigides. Cependant, ces détails n’entachent pas la puissance globale de cette renaissance, que beaucoup qualifient de digne héritière de l’esprit originel de la série.

En somme, ce nouvel opus signe un retour triomphal pour SEGA et pour l’un des ninjas les plus emblématiques du jeu vidéo. Shinobi : Art of Vengeance s’impose comme une leçon de style et de respect du passé, tout en prouvant qu’il est possible de moderniser une icône sans la trahir — un véritable hommage au sabre, à la discipline et à la vengeance.