Lorsqu’on pense à Gundam aujourd’hui, on imagine une franchise colossale qui a traversé les décennies, multipliant les séries animées, films, jouets, figurines et bien sûr jeux vidéo. Mais il faut se souvenir qu’avant de devenir ce phénomène multimédia, Gundam a dû franchir ses premiers pas dans le monde vidéoludique. Et ce moment fondateur a eu lieu en 1984, avec la sortie du tout premier jeu Gundam sur MSX, l’ordinateur 8 bits japonais qui marqua une époque.
Contexte de sortie : quand l’animation rencontre l’informatique
En 1979, Mobile Suit Gundam révolutionne l’animation japonaise avec son approche réaliste des robots géants, introduisant l’idée de “mecha réaliste” où les combats de machines de guerre sont inscrits dans un contexte militaire et politique. La série, d’abord peu populaire, connaît un succès explosif au début des années 80 grâce aux rediffusions et aux modèles réduits (Gunpla) lancés par Bandai.
C’est dans ce contexte d’expansion que Bandai, cherchant à diversifier son exploitation de la licence, décide d’investir dans le jeu vidéo. Le MSX, standard micro-informatique lancé en 1983 par Microsoft et ASCII au Japon, offrait alors une plateforme idéale : populaire auprès des familles japonaises, abordable et capable de faire tourner des titres relativement avancés pour l’époque.
En 1984, Bandai édite donc Mobile Suit Gundam sur MSX, premier jeu vidéo officiel basé sur la licence.
Un gameplay rudimentaire, mais déjà imprégné de l’ADN Gundam
Le jeu, comme beaucoup de productions de l’époque, se présente sous la forme d’un shoot’em up en scrolling horizontal. Le joueur y incarne l’incontournable RX-78-2 Gundam, le mobile suit piloté par Amuro Ray dans la série originale. L’objectif : détruire les ennemis tout en avançant à travers différents niveaux représentant des zones spatiales et terrestres.
Graphiquement, le jeu reste modeste. Les limitations du MSX imposaient des environnements simples, des sprites peu détaillés et une palette de couleurs restreinte. Mais malgré ces contraintes, les développeurs avaient réussi à rendre reconnaissable le RX-78 ainsi que certains ennemis de la Fédération et du Duché de Zeon, dont les célèbres Zaku.
Côté gameplay, on retrouvait une jouabilité relativement rigide mais accessible. Le Gundam pouvait tirer, se déplacer et parfois utiliser son sabre laser dans certaines séquences rapprochées. L’expérience était répétitive mais elle avait l’immense mérite de donner vie à l’univers Gundam dans un média encore balbutiant.
Réception du public et impact sur la licence
En 1984 les fans de Gundam étaient surtout focalisés sur les maquettes Gunpla, qui avaient littéralement sauvé la franchise en 1980. Le jeu MSX ne fut donc pas un phénomène commercial comparable mais il marqua une étape symbolique : Gundam entrait dans le monde du jeu vidéo.
Les critiques de l’époque, limitées dans leur diffusion, saluèrent l’effort d’adaptation tout en notant ses faiblesses techniques. Pour beaucoup de joueurs japonais, il s’agissait davantage d’une curiosité, un produit dérivé réservé aux passionnés. Mais pour Bandai, c’était un pari réussi : Gundam pouvait être décliné dans un médium interactif.
Héritage et importance historique
Aujourd’hui, ce premier Gundam sur MSX est surtout vu comme une pièce de collection et un jalon historique. Il n’a pas marqué son époque par ses qualités vidéoludiques, mais il a ouvert la voie à une longue série de jeux Gundam sur consoles et ordinateurs japonais, qui allait exploser dans les années 90 avec la Super Famicom, puis sur PlayStation et au-delà.
Ce titre est également révélateur du lien très fort entre la micro-informatique japonaise des années 80 et les grandes licences d’animation. Comme Macross ou Dragon Ball, Gundam a trouvé dans le MSX une première scène avant de s’imposer plus largement sur consoles de salon.
Conclusion : un petit jeu pour un grand mythe
Le Gundam sur MSX de 1984 ne peut pas être considéré comme un chef-d’œuvre ludique. Mais il représente un moment-clé : celui où Gundam qui est avant tout né de l’animation et porté par les figurines, fit son entrée dans le monde du jeu vidéo. Cette première tentative modeste annonçait déjà le potentiel considérable de la licence dans le jeu vidéo.
Car si aujourd’hui Gundam compte des dizaines de jeux à travers toutes les générations de consoles, il faut se rappeler qu’avant tout, tout a commencé ici, sur un micro-ordinateur 8 bits japonais, avec un petit jeu de shoot qui, malgré ses limites, portait en lui l’embryon d’une saga vidéoludique incontournable.