Histoire des jeux vidéo

Policenauts Version Saturn

la perfection narrative selon Kojima enfin aboutie

Illustration

Lorsqu’on évoque Policenauts, le nom d’Hideo Kojima s’impose immédiatement. Le créateur visionnaire de Metal Gear avait déjà, dès 1994, prouvé avec la version PC-9821 qu’il maîtrisait l’art du récit interactif mieux que quiconque. Après un passage remarqué sur 3DO en 1995, Policenauts atteint enfin sa forme la plus aboutie sur Sega Saturn, dans une version publiée le 13 septembre 1996. Véritable chef-d’œuvre narratif, comme nous le disions dans nos autres articles disponibles qui concernent les autres versions de Policenaurs, ce portage Sega Saturn se distingue par une refonte audiovisuelle exemplaire et une optimisation technique qui sublime le travail d’origine.

Une adaptation pensée comme une renaissance

La Saturn, machine de puissance intermédiaire mais à la 2D splendide, permet à Kojima et son équipe de corriger toutes les limitations techniques rencontrées sur 3DO. La version Saturn ne se contente pas d’un simple portage : elle réorchestre intégralement les séquences animées, améliore la synchronisation labiale et affine les transitions entre les phases de dialogue, d’investigation et de tir.
Les vidéos, réencodées pour le support CD-ROM double couche de la console, bénéficient d’une compression moins agressive et d’une colorimétrie bien plus fidèle aux intentions artistiques initiales.

Le résultat est saisissant : la mise en scène gagne en fluidité, les visages sont plus expressifs, et la direction artistique – déjà inspirée par le cinéma américain des années 1980 – atteint ici une précision quasi cinématographique.


Un jeu d’enquête spatiale toujours fascinant

Le scénario de Policenauts reste inchangé, mais conserve toute sa puissance émotionnelle. Le joueur incarne Jonathan Ingram, ancien policier de l’unité « Policenauts », revenu sur Terre après avoir été perdu dans l’espace pendant vingt-cinq ans.
L’enquête, d’abord banale – retrouver l’ex-femme disparue d’un vieil ami – se transforme en thriller cybernétique où se mêlent corruption, transhumanisme et mémoire altérée.

Kojima tisse ici un récit d’une maturité rare, empreint de références à Lethal Weapon, Blade Runner et 2001 : l’Odyssée de l’Espace.
L’écriture, soutenue par un doublage japonais remarquable, gagne sur Saturn en naturel : les dialogues sont désormais plus lisibles, le texte s’affiche avec une meilleure clarté et les temps de chargement sont réduits, fluidifiant l’expérience narrative.


Des mécaniques plus confortables et une visée retravaillée

Sur le plan ludique, la Saturn propose une interface revisitée pour les séquences d’enquête. La gestion du curseur, jadis un peu rigide sur 3DO, gagne en précision grâce à la compatibilité avec la Sega Mouse, un ajout qui transforme littéralement les phases d’exploration.
Les séquences de tir, héritées du style shooting gallery, sont plus dynamiques : la détection des impacts est affinée et la réactivité globale du gameplay atteint enfin un équilibre entre immersion et challenge.

Les menus bénéficient également d’une navigation plus rapide, tandis que les sauvegardes, mieux intégrées, facilitent la progression sans rupture de rythme. Ces ajustements, discrets mais essentiels, donnent à cette version Saturn une cohérence structurelle que les précédentes itérations n’avaient pas totalement atteinte.


Un environnement sonore d’une qualité exemplaire

Côté bande-son, Policenauts Saturn brille par son mixage remastérisé et la pureté de ses doublages. Les compositions de Tappi Iwase et Masahiro Ikariko, oscillant entre jazz futuriste et ambiance de film noir, profitent d’une restitution claire et profonde sur le support CD-ROM.
L’ajout du Dolby Surround renforce l’immersion : les échos métalliques des stations orbitales, les bruits ambiants des laboratoires ou le murmure des conversations dans les bars futuristes s’enrobent d’une chaleur presque organique.


Verdict final : la version ultime de Policenauts

Si la version 3DO avait déjà marqué les esprits par sa modernité, la version Sega Saturn s’impose comme la plus aboutie de toutes. Elle combine les avancées visuelles du 3DO, la stabilité du support CD-ROM, et une finition technique exemplaire.
La fluidité des animations, la qualité sonore, la compatibilité avec la souris, et le soin apporté à chaque transition confèrent à cette édition un statut quasi définitif.

Verdict : 9,5 / 10
La version Saturn de Policenauts n’est pas seulement un jeu d’aventure remarquable : c’est une expérience sensorielle, un film interactif d’une richesse émotionnelle rare, où la philosophie de Kojima – la mémoire, la perte, la fidélité – atteint une forme de perfection.
En 1996, rares étaient les jeux capables de rivaliser avec un tel degré de maîtrise narrative. Et aujourd’hui encore, Policenauts sur Sega Saturn demeure le témoin brillant d’un âge d’or où le jeu vidéo rêvait de devenir cinéma, sans jamais renier sa nature interactive.

Différences identifiées entre les deux versions Playstation et Saturn 

1. Fréquence des images (cut-scènes vidéo)

La version Saturn affiche les séquences animées à 24 images par seconde (fps) contre environ 15 fps pour la version PlayStation. sega-16.com+3segabit.com+3gamefaqs.gamespot.com+3
Cette amélioration permet une fluidité bien supérieure dans les scènes cinématiques.

2. Contenu additionnel / scènes supplémentaires

La version Saturn inclut des plans rapprochés supplémentaires, scènes additionnelles, un glossaire in-game consultable (encyclopédie de l’univers du jeu) et des bonus après avoir terminé le jeu (vidéos making-of, crédits alternatifs). segaretro.org+2seganerds.com+2
Exemple : « There are a few new cutscenes » mentionné dans des retours joueurs à propos de la version Saturn. gamefaqs.gamespot.com+1

3. Support périphérique et fonctionnalités spécifiques

La version Saturn dispose de support pour pistolet optique (« light-gun ») dans les séquences de tir, ce que la version PlayStation ne propose pas ou de façon très limitée. segaretro.org+1
De plus, la version Saturn reprend notamment du contenu bonus provenant des disques « Pilot Disk » ou « Private Collection » des versions précédentes. segaretro.org+1

4. Censure et liberté visuelle

Selon des sources, la version Saturn rétablit des animations que la version PlayStation avait vues diminuées ou censurées — par exemple dans le rendu des « animations poitrine » (« breast bouncing ») selon les propos de Kojima. Time Extension+1
Cela indique un niveau de finition visuelle et de liberté artistique mieux respecté dans la version Saturn.

5. Qualité globale perçue et « version définitive »

Divers articles spécialisés et communautés ventilent que la version Saturn est considérée comme la « version définitive » du jeu. Par exemple : « the Saturn version is considered the definitive release of the game. » sega-16.com+1
Ou encore : « The Saturn version is a bit more of a remake than a port with better graphics and even light gun support. » gaminghistory101.com+1


❓ Quelques compromis ou points à nuancer


🧮 Pourquoi la version Saturn est « plus aboutie » — synthèse

  1. Fluidité des vidéos : 24 fps au lieu de ~15 fps = immersion meilleure.

  2. Contenu supplémentaire : scènes, options bonus, glossaire, ce qui enrichit l’expérience narrative.

  3. Fonctionnalités étendues : support périphérique (light-gun), bonus de versions antérieures intégrés.

  4. Moins de compromis visuels/censures : une version plus fidèle à la vision initiale du créateur.

  5. Réputation parmi les fans et critiques : acceptée comme la version « référence » à jouer.

Voici un tableau détaillé des différences connues entre la version Policenauts sur PlayStation (PS1) et la version sur Sega Saturn, avec des captures d’écran pour illustrer certains points. Ces informations sont fondées sur des sources fiables; là où la différence n’est pas confirmée, elle est mentionnée comme « rapportée ».


Captures d’écran comparatives

https://i.ytimg.com/vi/nDLLpoIzE80/maxresdefault.jpg
https://gaminghistory101.com/wp-content/uploads/2015/02/policenauts_7.png
https://shmuplations.com/wp-content/uploads/2022/01/police06.jpg
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Tableau des différences

Élément Version PS1 Version Saturn – différences & améliorations
Support light-gun / périphérique visé Pas de support officiel du light-gun. Jouable au pad ou souris. Gaming History 101+2GameFAQs+2 Support officiel du light-gun (Virtua Gun/Stunner) pour les séquences de tir. Gaming History 101+2GameFAQs+2
Fréquence des cut-scènes animées Animations vidéo à environ 15 images/seconde. NeoGAF+1 Cut-scènes animées à 24 images/seconde (bien que qualité d’image légèrement inférieure) selon sources. CDRomance+1
Contenu additionnel / scènes bonus Contenu standard. Les bonus (making-of, interviews, etc.) peuvent être absents ou limités. Ajout de scènes supplémentaires, médias bonus (interviews, trailer, making-of) intégrés, et parfois dialogues modifiés. GameFAQs+1
Glossaire / encyclopédie intégrée Peut ne pas avoir de glossaire consultable pendant le jeu. Glossaire in-game (dictionnaire des termes) accessible à tout moment. CDRomance+1
Contenu visuel / animations censurées Certaines animations (notamment « breast-bouncing » ou détails visuels) réduites ou censurées. CDRomance+1 Restauration de détails visuels, animations supplémentaires ou non censurées. Sega Retro
Interface / menus / ergonomie Interface adaptée à la PS1 manette, mais certains menus hérités des versions PC ou 3DO. Interface optimisée pour Saturn : menus améliorés, transitions plus fluides, meilleure lecture des dialogues selon retours. GameFAQs+1
Qualité visuelle globale Bonne pour l’époque, mais certaines critiques indiquent que la version PS1 est légèrement inférieure en fluidité ou contenu par rapport à la Saturn. GameFAQs Version réputée « la plus complète » : contenus additionnels + fluidité accrue. GameFAQs+1
Compatibilité périphériques souris Support souris possible pour interface point-and-click. RetroGameTalk Support souris + light-gun + parfois options supplémentaires. Gaming History 101+1

Remarques complémentaires