Le 16 juin 2011, moins de deux ans après le triomphe critique et commercial du premier Steins;Gate, les studios 5pb. et Nitroplus reviennent avec un spin-off inattendu : Steins;Gate: My Darling’s Embrace.
Sorti initialement sur Xbox 360, puis sur PS3, PS4, PS Vita, Nintendo Switch et PC, ce jeu prend une direction radicalement différente de l’original.
Oubliez les paradoxes temporels et les drames existentiels : My Darling’s Embrace troque la tragédie scientifique pour la comédie romantique.
Mais sous ses airs légers, il conserve ce qui fait la magie de la saga — des personnages attachants, une écriture soignée, et ce lien indéfectible entre science et émotion.
Un spin-off né de la passion des fans
À la suite du succès monumental de Steins;Gate (2009), la communauté des joueurs japonais réclame un jeu dérivé plus léger, centré sur la vie quotidienne des membres du Future Gadget Laboratory.
Les créateurs de 5pb. décident alors de développer un spin-off non canonique, prenant place dans une ligne temporelle alternative où les tragédies du premier jeu n’ont jamais eu lieu.
Le but n’est plus de sauver le monde, mais de sauver les cœurs : les joueurs explorent des relations sentimentales possibles entre Rintarō Okabe et les héroïnes emblématiques de la saga, dans une atmosphère douce, humoristique et romantique.
Un scénario parallèle sans pression temporelle
L’intrigue se déroule dans une version apaisée d’Akihabara, où Okabe continue de se faire appeler « Hououin Kyouma », mais dans un ton plus comique que dramatique.
Les événements tournent autour de situations du quotidien : disputes absurdes, quiproquos amoureux, défis scientifiques anodins ou discussions sur la vie du laboratoire.
Chaque héroïne — Kurisu Makise, Mayuri Shiina, Suzuha Amane, Luka Urushibara, Faris Nyannyan et même Moeka Kiryuu — dispose de son propre scénario romantique, accessible selon les choix du joueur.
Le jeu se concentre sur les interactions émotionnelles, les petites maladresses d’Okabe, et les moments de complicité entre les personnages.
Cette approche transforme Steins;Gate en comédie sentimentale de science-fiction, où l’humour et la tendresse remplacent la tension dramatique.
Un gameplay fidèle à l’esprit du visual novel
Comme dans le jeu original, My Darling’s Embrace repose sur des dialogues à embranchements, mais simplifie le système du Phone Trigger.
Le joueur continue d’utiliser le téléphone d’Okabe pour répondre (ou non) à certains messages, mais ici, les conséquences ne modifient pas l’espace-temps — elles influencent plutôt la relation affective entre les protagonistes.
Les différents scénarios offrent plusieurs fins possibles, chacune correspondant à une héroïne.
Les joueurs peuvent ainsi explorer la personnalité de chaque personnage sous un angle intime, révélant des facettes inédites, notamment celle de Kurisu, dont le cynisme dissimule une grande sensibilité.
Une atmosphère visuelle et sonore chaleureuse
Le charadesign signé Huke reste fidèle à l’identité graphique du premier Steins;Gate, mais les couleurs sont plus lumineuses, les contrastes moins marqués, et l’ambiance générale se veut plus chaleureuse.
Les décors d’Akihabara sont toujours présents, mais baignent cette fois dans un ton plus joyeux, presque bucolique, loin de la noirceur du thriller scientifique d’origine.
La bande-son de Takeshi Abo accompagne cette transition émotionnelle.
Exit la tension dramatique et les orchestrations lourdes : les musiques sont douces, légères, souvent teintées de nostalgie et de romantisme.
La chanson d’ouverture, “La-Mulana of Love” (interprétée par Kanako Itō), évoque parfaitement ce changement de registre : une mélodie apaisante, portée par une voix pleine de sincérité.
Personnages et relations : le cœur du jeu
Ce spin-off donne enfin aux fans la possibilité de plonger dans les relations interpersonnelles du laboratoire sans la menace d’un paradoxe temporel.
Chaque personnage est exploré dans sa dimension affective :
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Kurisu Makise : l’éternelle rivalité scientifique se transforme ici en une romance touchante, faite de maladresses et de confessions implicites.
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Mayuri Shiina : son scénario explore la douceur et la nostalgie de l’amitié d’enfance, entre innocence et tendresse.
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Faris Nyannyan : comme toujours fantasque, elle entraîne Okabe dans un monde de cafés à thème et de rêves de princesses.
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Luka Urushibara : un parcours délicat et introspectif autour de l’identité et des émotions sincères.
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Moeka Kiryuu : son arc révèle une vulnérabilité rarement visible dans le jeu principal.
Ces récits parallèles approfondissent la psychologie des personnages tout en offrant un ton plus léger, presque thérapeutique, après les tragédies de Steins;Gate.
Un accueil mitigé mais sincèrement chaleureux
Lors de sa sortie en 2011, Steins;Gate: My Darling’s Embrace reçoit un accueil globalement positif au Japon.
Les critiques saluent la qualité de l’écriture, le respect des personnages originaux et la fraîcheur du ton, tout en notant que le jeu s’adresse avant tout aux fans déjà familiers de la série.
Certains joueurs regrettent l’absence de tension narrative ou de thématiques scientifiques, mais la plupart soulignent que cette parenthèse romantique permet de respirer émotionnellement après le tumulte du jeu principal.
Les ventes, sans atteindre celles de Steins;Gate, sont honorables, et la version internationale, sortie plus tard, permet aux fans occidentaux de découvrir une autre facette de cet univers culte.
L’importance du jeu dans la chronologie de la saga
Bien que non canonique, My Darling’s Embrace occupe une place particulière dans l’univers Steins;Gate.
Il agit comme un exutoire émotionnel entre le jeu original et sa suite sombre, Steins;Gate 0.
Dans la chronologie officieuse, il se situe dans une “ligne de monde détendue”, où les erreurs du passé n’existent pas et où les personnages peuvent enfin vivre sans regret ni culpabilité.
De nombreux fans considèrent cette version comme une “thérapie du laboratoire”, une pause lumineuse avant le retour à la gravité scientifique.
Analyse : du déterminisme à la douceur
Alors que Steins;Gate posait la question du libre arbitre face au destin, My Darling’s Embrace explore une thématique plus intime : celle du choix du bonheur.
Sans les chaînes du voyage temporel, Okabe découvre une autre forme de responsabilité — celle d’être présent, de comprendre les autres, et d’assumer ses émotions.
Le jeu célèbre la chaleur humaine et la simplicité du quotidien, en opposition directe avec la froideur scientifique du premier épisode.
C’est aussi une manière subtile de rappeler que, même dans un univers dominé par la technologie, l’amour et l’amitié demeurent les forces les plus stables de toutes les lignes de monde.
Héritage et rééditions
Au fil des années, My Darling’s Embrace est devenu un complément indispensable pour les amateurs de la série.
Son portage sur PS4, Switch et PC (Steam) en 2019 a permis à une nouvelle génération de joueurs de redécouvrir ce joyau caché, souvent éclipsé par les grandes sagas de science-fiction.
Sa tonalité douce, ses dialogues pleins d’humour et ses nombreuses fins romantiques en font aujourd’hui un classique de la “relaxation narrative”, un genre rare où la douceur remplace la tension.
Steins;Gate: My Darling’s Embrace n’est pas une révolution scientifique, mais une déclaration d’amour aux personnages et à leurs fans.
Loin du drame et du désespoir du premier épisode, il prouve que l’univers Steins;Gate peut se réinventer sans perdre son âme.
En offrant un regard apaisé sur les liens humains qui unissent le laboratoire du futur, ce jeu montre que la plus grande découverte d’un scientifique n’est peut-être pas celle qui défie les lois du temps…
Mais celle qui révèle la valeur infinie des émotions humaines et qui ainsi propse au final un jeu au gameplay sans complexité et à l'atmosphèreb propice à la détente.
El Psy Kongroo, version cœur tendre, pour ainsi dire. ❤️