Histoire des jeux vidéo

Cadillac and dinosaurs

Un beat them all légendaire

Illustration

Cadillacs and Dinosaurs (1993) – Quand Capcom mélange dinosaures, muscle cars et bastons d’anthologie

Sorti en 1993 sur le système d’arcade CP System (le même hardware que Street Fighter II ou Final Fight), Cadillacs and Dinosaurs est l’un de ces jeux qui ont marqué toute une génération sans jamais bénéficier de la reconnaissance commerciale qu’il méritait. Adaptation du comic-book américain “Xenozoic Tales” de Mark Schultz, ce beat’em up signé Capcom combine avec brio action frénétique, univers post-apocalyptique et ambiance pulp rétrofuturiste.
Trois décennies plus tard, il reste une icône du jeu d’arcade des années 90, régulièrement cité comme l’un des meilleurs beat’em up jamais produits.

🦕 Un contexte de sortie explosif

En 1993, Capcom domine les salles d’arcade du monde entier. Le succès de Street Fighter II a redéfini les standards, mais le genre du beat’em up à défilement horizontal reste encore extrêmement populaire grâce à des titres comme Final Fight, Captain Commando ou The Punisher.
C’est dans ce contexte que la firme japonaise décide de s’attaquer à une licence étonnante : “Xenozoic Tales”, une bande dessinée américaine se déroulant dans un futur post-apocalyptique où les dinosaures cohabitent avec les humains dans des ruines d’une civilisation avancée.

L’univers de Mark Schultz offre à Capcom une matière visuelle et narrative idéale : des muscles, des monstres et des moteurs. Et l’équipe de développement n’a pas hésité à pousser cette combinaison à fond.

🚗 Une intrigue simple mais efficace

L’histoire se déroule plusieurs siècles après une catastrophe écologique qui a ravagé la Terre. Les survivants vivent dans un monde où la nature a repris ses droits… et où les dinosaures sont revenus d’entre les âges.
Vous incarnez Jack Tenrec, un mécanicien écologique au volant de sa Cadillac, accompagné de ses alliés Hannah Dundee, Mustapha Cairo et Mess O’Bradovich.
Leur mission : combattre des trafiquants de dinosaures et des mercenaires qui exploitent les créatures pour leurs propres profits.

Le scénario n’est qu’un prétexte — mais il sert admirablement bien de toile de fond à une succession de combats spectaculaires dans des environnements variés : jungle, ruines, zones industrielles, grottes, et même à bord du célèbre cadillac rouge.

🎮 Un gameplay nerveux et jouissif

Dans la lignée des meilleurs beat’em up de Capcom, Cadillacs and Dinosaurs offre une prise en main immédiate et un rythme d’action soutenu.
Le jeu permet de jouer jusqu’à trois joueurs simultanément, un véritable luxe pour l’époque.

Chaque personnage possède :

des caractéristiques propres : Jack est équilibré, Mustapha est rapide, Hannah est agile, Mess est puissant ;

des attaques spéciales (coup sauté, dash, coup de pied glissé) ;

la possibilité d’utiliser des armes à feu temporaires (fusils, grenades, lance-roquettes), une rareté dans les beat’em up du début des années 90 ;

et bien sûr, de conduire le célèbre Cadillac dans certaines séquences.

Les collisions sont précises, les animations fluides, et les sprites gigantesques pour l’époque. L’impact visuel et sonore de chaque coup témoigne du savoir-faire de Capcom à son apogée.

🦖 Dinosaures, chaos et esthétique pulp

Ce qui distingue Cadillacs and Dinosaurs des autres beat’em up contemporains, c’est avant tout son identité visuelle et thématique.
Les développeurs ont osé marier écologie, science-fiction et action brutale, dans un univers inspiré à la fois des films des années 50, de la bande dessinée américaine, et des blockbusters de l’époque (Jurassic Park est sorti la même année, en 1993).

Les dinosaures ne sont pas seulement des ennemis : parfois, ils attaquent les humains… mais aussi les joueurs, de façon aléatoire, ajoutant un facteur de chaos imprévisible.
L’ambiance sonore — riffs de guitare électrique et explosions en cascade — renforce cette impression de violence stylisée, typique de Capcom.

🧩 Technique : le CP System à son meilleur niveau

Le jeu tourne sur le Capcom Play System (CPS-1), déjà éprouvé par Final Fight et Captain Commando.
Capcom exploite ici le hardware à la perfection :

Scrolling fluide et sans ralentissement malgré trois joueurs à l’écran ;

Palette de couleurs riche, saturée et dynamique ;

Animations détaillées : chaque dinosaure et chaque boss est animé avec un soin remarquable ;

Soundtrack énergique signée par Yoshihiro Sakaguchi (compositeur de Street Fighter II).

Cette maîtrise technique donne à Cadillacs and Dinosaurs un rendu proche du dessin animé, et une lisibilité exemplaire, même dans les combats les plus chaotiques.

🚫 Une exclusivité arcade jamais adaptée officiellement

Étonnamment, Cadillacs and Dinosaurs n’a jamais été porté officiellement sur console domestique.
Capcom possédait les droits du jeu, mais pas ceux de la licence Xenozoic Tales pour d’autres supports — une situation juridique complexe qui a bloqué toute conversion officielle.
Quelques clones non officiels ou adaptations inspirées (comme Cadillacs Kyouryuu Shinseiki) ont vu le jour, mais aucun ne rivalise avec l’original.

Cette absence de portage a contribué à la légende du jeu : il est resté un trésor réservé aux salles d’arcade, puis à l’émulation sur MAME, qui a permis à de nouveaux joueurs de le redécouvrir dans les années 2000.

🌍 Réception et héritage

À sa sortie, Cadillacs and Dinosaurs a été unanimement salué dans la presse arcade :

graphismes spectaculaires,

gameplay précis et nerveux,

coopération à trois joueurs,

univers unique.

Il a immédiatement séduit les amateurs de beat’em up, bien qu’il n’ait pas bénéficié de la visibilité des grandes licences Capcom comme Final Fight ou The Punisher.

Aujourd’hui, le jeu est considéré comme un chef-d’œuvre oublié du genre.
Les fans de rétro-gaming le classent régulièrement parmi les meilleurs beat’em up de tous les temps, aux côtés de Streets of Rage 2, Alien vs Predator et Dungeons & Dragons: Tower of Doom.

💾 Anecdotes et éléments cultes

Le jeu contient plusieurs clins d’œil au comic-book original, notamment dans les portraits et dialogues.

Certains ennemis (comme les braconniers ou les mutants) ont été créés spécialement pour le jeu, inexistants dans la BD.

Capcom avait initialement prévu une suite, mais le projet a été annulé à cause de la perte de licence.

La voiture Cadillac rouge est devenue un symbole, souvent détourné dans la culture fan.

Un joyau de l’âge d’or des arcades

Cadillacs and Dinosaurs est l’un de ces jeux qui condensent tout l’esprit Capcom des années 90 : une direction artistique audacieuse, un gameplay millimétré, et une exécution technique sans faille.
C’est aussi un témoignage d’une époque où les bornes d’arcade représentaient le sommet de la performance vidéoludique, bien avant les conversions domestiques.

Entre beat’em up furieux, univers préhistorique et cadillac rugissante, le titre demeure une expérience viscérale, aussi exubérante que maîtrisée.
Et même si les dinosaures ont disparu depuis longtemps des circuits officiels, leur rugissement résonne encore dans le cœur des joueurs qui ont un jour glissé une pièce de 10 francs dans la borne Capcom.