Deux ans après avoir marqué les salles d’arcade, Konami décide de transposer Rush’n Attack sur la console 8-bits de Nintendo. Sorti en 1987, le portage arrive au moment où la NES domine le marché mondial du jeu vidéo domestique, et il devient l’une des adaptations phares de l’éditeur. Mais loin d’être une copie carbone de la borne, cette version console propose des ajustements notables qui changent profondément l’expérience de jeu.
Contexte de sortie
La stratégie de Konami à l’époque est claire : adapter ses plus grands succès arcade sur NES pour prolonger leur durée de vie et toucher un public familial. Après des portages réussis comme Gradius ou Castlevania, Rush’n Attack est un candidat idéal.
La NES, cependant, est une machine moins puissante que le hardware arcade de 1985. Il ne s’agit pas seulement de compresser le jeu : il faut aussi le repenser pour convenir aux joueurs de salon, qui n’ont pas de crédits infinis à insérer.
Les grandes différences avec la version arcade
L’adaptation NES reprend l’essence du jeu – un commando affrontant une armée ennemie – mais introduit plusieurs changements notables.
1. La structure des niveaux
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Arcade : 4 zones seulement (base d’entraînement, aéroport, base de missiles, QG ennemi).
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NES : 6 stages complets, en réalité La version NES propose deux étapes supplémentaires qui ne sont pas dans le jeu d'arcade : un aéroport situé entre la base de missiles et le port, le joueur doit y affronter un groupe de soldats de fusées, ainsi qu'une nouvelle étape finale située à l'intérieur de la base ennemie, se terminant avec le joueur utilisant des lance-roquettes largués par l'ennemi.
2. Le rythme et la difficulté
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Arcade : rapidité extrême, ennemis incessants, mort en un coup.
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NES : gameplay plus posé, avec un peu plus de temps pour réagir. La difficulté reste élevée mais moins brutale que sur borne.
👉 La version console est calibrée pour être exigeante mais faisable sans ruiner le joueur en continues.
3. Le système de jeu
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Le couteau reste l’arme principale, mais sur NES les armes secondaires apparaissent plus souvent.
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Les projectiles (lance-roquettes, grenades) sont mieux équilibrés pour donner des phases de respiration.
👉 Cela donne une expérience un peu moins punitive et plus accessible.
4. Les graphismes et le son
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Arcade : sprites plus grands, ambiance militaire réaliste.
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NES : palette colorée, sprites simplifiés mais clairs. L’ambiance est plus "8-bits", mais conserve l’identité militaire.
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La bande sonore sur NES devient culte : thèmes énergiques et répétitifs qui collent parfaitement à l’action.
👉 Si la fidélité technique est moindre, la direction artistique sur NES est efficace et immédiatement reconnaissable.
5. Le multijoueur
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Arcade : jouable à deux en coopération simultanée.
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NES : uniquement en solo.
👉 Cette absence enlève une partie de la frénésie collective de l’arcade, mais renforce le côté parcours en solitaire.
Réception sur NES
Lors de sa sortie en 1987, Rush’n Attack trouve un public enthousiaste.
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Les critiques soulignent la fidélité globale de l’esprit arcade, malgré les limitations techniques.
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Les joueurs apprécient la variété des niveaux supplémentaires, qui donnent à la version NES une identité propre.
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La difficulté est jugée relevée mais gratifiante, dans la lignée des grands jeux Konami de l’époque (Contra, Castlevania).
En Amérique du Nord et en Europe, où le jeu conserve le nom Rush’n Attack, il devient un titre culte des premières années de la NES. Au Japon, sous le nom Green Beret, il renforce encore la réputation de Konami comme éditeur incontournable.
Héritage et différences marquantes
La version NES n’est pas seulement un portage réduit de l’arcade : elle est une interprétation. Les six niveaux, le rythme ajusté et la bande-son mémorable en font un jeu taillé pour la console.
En résumé :
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Arcade (1985) : brutale, nerveuse, conçue pour consommer des crédits, coopérative.
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NES (1987) : plus longue, un peu plus accessible, pensée pour le joueur domestique solitaire, avec une identité musicale dans la loignée des jeux NES de cette période.
Cette dualité explique pourquoi les deux versions sont encore aujourd’hui appréciées différemment : l’arcade pour sa pureté et son intensité, la NES pour sa richesse et son accessibilité.
En 1987 Rush’n Attack sur NES démontre comment Konami savait adapter ses succès arcade sans les dénaturer, mais en les remodelant intelligemment pour le salon. Loin d’être une simple réduction, le portage enrichit l’expérience et parvient à se hisser au rang de classique de la 8-bits.
Si l’arcade reste la quintessence de l’action militaire brute, la version NES est celle qui a le plus marqué les foyers et forgé les souvenirs des joueurs des années 1980. Elle symbolise cette période où Konami excellait dans l’art de faire passer la fureur des salles d’arcade dans les salons du monde entier et de présenter au joueur qui le découvre un univers brutal et prenant, à la difficulté accrocheuse car dosée correctement.