Histoire des jeux vidéo

Shigeru Miyamoto 9

Miyamoto face au revers de la Wii U : lucidité, remise en question et persistance

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Après l’énorme succès mondial de la Wii (plus de 100 millions d’unités vendues), Nintendo aborde avec confiance la génération suivante. En 2012, la Wii U est censée capitaliser sur la dynamique initiée par la console précédente. Pourtant, c’est un véritable revers commercial : à peine 13 millions de consoles écoulées à travers le monde, malgré des titres salués par la critique comme Super Mario 3D World, Pikmin 3 ou Donkey Kong Country: Tropical Freeze.

Pour Shigeru Miyamoto, c’est un choc.

🎯 Un créateur confronté aux limites de sa vision
Depuis les années 1980, Miyamoto avait toujours anticipé les désirs des joueurs avant même qu’ils ne les formulent. Avec la Wii U, cette intuition semble vaciller. Il pensait que le concept de second écran – un GamePad tactile permettant des interactions inédites – ouvrirait une nouvelle ère de gameplay asymétrique, familial et innovant.

Mais le message ne passe pas. Le public est dérouté. Beaucoup ne comprennent pas si la Wii U est une nouvelle console ou un accessoire de la Wii. Le marketing échoue à convaincre, et le nom même "Wii U" entretient la confusion.

Miyamoto reconnaît publiquement cette erreur : « Nous avons mal communiqué notre idée. Nous avons supposé que le public nous suivrait sans explication. »

🤔 Une période de doute mais pas de renoncement
Plutôt que de fuir les responsabilités, Miyamoto assume, avec son style toujours humble mais exigeant. Il redouble d’efforts pour remettre Nintendo sur une trajectoire créative. En interne, il soutient les jeunes développeurs tout en travaillant à de nouveaux projets, notamment Star Fox Zero et l’expérimental Project Guard (qui deviendra Star Fox Guard).

Mais cette période est aussi marquée par une transition : Miyamoto se détache progressivement du développement direct de jeux pour prendre un rôle plus mentoriel. Il encourage la nouvelle génération à prendre des risques, comme Eiji Aonuma sur Zelda, ou Kenta Motokura sur Super Mario 3D World.

🧭 Leçon d’un maître : se remettre en question pour mieux rebondir
L’échec de la Wii U montre que même un génie créatif comme Miyamoto n’est pas à l’abri d’un faux pas. Mais loin d’être paralysé, il en tire une leçon fondatrice : l’innovation ne suffit pas. Il faut aussi savoir écouter son époque, lire les attentes non dites, s’adapter aux nouvelles formes de consommation (le jeu mobile, le online, les YouTubers...).

Cette humilité active annonce un formidable retour en force... celui de la Nintendo Switch, qui marquera une réconciliation entre sa vision et celle du public.