Le First-Person Shooter (FPS), ou jeu de tir à la première personne, est aujourd’hui l’un des genres les plus populaires et influents du jeu vidéo. Des débuts balbutiants en 3D aux blockbusters modernes qui brassent des millions de joueurs en ligne, le FPS a façonné notre manière de jouer et d’interagir avec les mondes virtuels. Retour sur une saga vidéoludique qui a marqué plusieurs générations.
Les origines : quand la 3D rencontre l’action (années 70-80)
Avant même d’être un genre défini, le tir à la première personne existait sous forme d’expérimentations.
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Maze War (1974), développé sur Imlac PDS-1, proposait déjà des labyrinthes vus à la première personne et du tir sur d’autres joueurs.
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Spasim (1974), un simulateur spatial rudimentaire, est souvent considéré comme un ancêtre conceptuel.
Ces titres posaient les bases : une vision subjective et l’idée d’affrontement direct. Mais il fallait attendre la puissance des PC et consoles des années 90 pour que le FPS trouve son âge d’or.
L’âge fondateur : Wolfenstein et Doom (1992-1995)
En 1992, id Software publie Wolfenstein 3D. Pour la première fois, un large public découvre la frénésie d’un jeu en temps réel à la première personne : couloirs labyrinthiques, nazis pixelisés, et un héros armé jusqu’aux dents.
Un an plus tard, Doom (1993) pulvérise toutes les attentes. Avec ses niveaux non-linéaires, ses armes iconiques (fusil à pompe, BFG 9000), et son ambiance infernale, il devient un phénomène culturel. Doom introduit aussi le modding, permettant aux fans de créer de nouveaux niveaux, consolidant la communauté FPS.
La révolution du multijoueur et de la 3D (1996-1999)
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Quake (1996) passe à un moteur 3D complet et popularise le jeu en réseau compétitif. Les LAN parties deviennent un rituel gamer.
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GoldenEye 007 (1997) sur Nintendo 64 introduit le FPS sur console avec un mode multijoueur culte à 4 joueurs.
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Half-Life (1998) dresse un nouveau standard narratif, intégrant scénario et gameplay de manière fluide. Gordon Freeman devient un héros silencieux mythique.
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Unreal Tournament (1999) et Quake III Arena mettent le focus sur l’arène multijoueur, amorçant l’e-sport.
Les années 2000 : réalisme et blockbusters
Le début des années 2000 voit l’explosion des FPS plus réalistes et cinématographiques.
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Halo: Combat Evolved (2001) donne à la Xbox son identité et popularise le FPS console avec son mode multijoueur en LAN.
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Call of Duty (2003) rivalise avec Medal of Honor et devient la référence du FPS militaire.
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Battlefield 1942 (2002) introduit les cartes massives et les véhicules, offrant des batailles épiques en ligne.
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Half-Life 2 (2004) révolutionne le gameplay avec son moteur physique Source et une mise en scène cinématographique.
L’ère moderne : domination des licences et e-sport (2010-2020)
Le FPS devient alors un genre roi de l’industrie.
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Call of Duty: Modern Warfare (2007) impose la formule nerveuse et compétitive des FPS modernes.
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Overwatch (2016) mélange FPS et héros à compétences, ouvrant la voie à un e-sport planétaire.
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Counter-Strike: Global Offensive (2012) devient un pilier de la compétition en ligne.
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Battle Royale : avec PUBG (2017) et Fortnite (2017), le tir à la première personne (ou troisième) fusionne avec la survie massive.
Aujourd’hui et demain : immersion totale
En 2020 et au-delà, le FPS continue d’évoluer :
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VR (Réalité virtuelle) : des titres comme Half-Life: Alyx (2020) repoussent l’immersion.
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Hybridation : de plus en plus de jeux mélangent FPS avec RPG (Cyberpunk 2077), survie (Escape from Tarkov), ou open world (Far Cry).
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Rétro revival : les boomer shooters (comme Dusk, Prodeus) renouent avec l’esprit nerveux des années 90.
Du labyrinthe pixélisé de Maze War aux mondes gigantesques en 4K ray tracing, le First-Person Shooter a traversé près de 50 ans d’évolution technologique et créative. Plus qu’un genre, il est devenu un langage du jeu vidéo, où immersion, adrénaline et innovation ne cessent de se réinventer.