🏁 1972 : La naissance d’Atari et une intuition révolutionnaire
En 1972, Nolan Bushnell et Ted Dabney fondent Atari Inc., nom emprunté au jeu de go où "atari" signifie une mise en danger stratégique, proche de l’échec. Le choix n’est pas anodin : Bushnell veut bousculer les règles établies, prendre des risques, et surtout — inventer une nouvelle industrie.
L’objectif initial d’Atari est simple : créer des jeux électroniques accessibles, visuels et instantanément compréhensibles, là où Computer Space (leur premier essai avec Nutting Associates) s’était révélé trop complexe.
Bushnell engage alors un ingénieur du nom d’Allan Alcorn, à qui il confie un projet test : développer un jeu de tennis électronique simple inspiré de Table Tennis, une fonction très basique de la console Magnavox Odyssey qu’il avait observée. Ce projet allait devenir Pong.
🏓 PONG (1972) : Le premier phénomène mondial du jeu vidéo
Sorti en novembre 1972 sous la forme d’une borne d’arcade installée dans un bar californien, Pong est un choc. Le jeu est immédiatement compréhensible : deux raquettes, une balle, un score. Les clients affluent. Le gérant du bar appelle Bushnell quelques jours plus tard : la machine est cassée… parce que la fente à pièces est remplie à ras bord !
C’est le début d’un raz-de-marée.
Pong devient rapidement un standard. Bushnell fait le choix audacieux de produire les machines lui-même, sans passer par des distributeurs traditionnels, créant une chaîne de production agile et indépendante, et forçant le monde de l’arcade à évoluer.
💥 1973–1976 : L’expansion sauvage
Durant ces années, Atari multiplie les succès avec des jeux d’arcade comme :
Space Race (1973)
Tank (1974, via sa filiale Kee Games)
Breakout (1976), codé avec l’aide d’un certain… Steve Wozniak, futur cofondateur d’Apple
Bushnell comprend rapidement que l’arcade a ses limites, et se tourne vers le foyer. Il conçoit alors une version domestique de Pong, d’abord sous la marque Sears Tele-Games, puis sous la sienne. En quelques mois, des centaines de milliers d’unités sont vendues, marquant l’irruption du jeu vidéo dans les salons.
🕹️ 1977 : L’Atari VCS (2600) – La révolution de la cartouche
Mais Bushnell voit plus loin. Avec la programmabilité, il veut créer une machine qui ne se limite pas à un seul jeu : une console capable d’accueillir plusieurs titres via des cartouches interchangeables.
En 1977, l’Atari VCS (plus tard appelée 2600) est lancée. C’est une révolution technologique et commerciale. Dotée d’une puce MOS 6507, de graphismes colorés et d’un joystick simple, la console est un formidable succès de fin d’année.
Mais son potentiel ne sera pleinement révélé que l’année suivante…
💰 1978 : L’entrée dans l’ère industrielle… et le départ de Bushnell
En 1976, Bushnell avait vendu Atari à Warner Communications pour environ 28 millions de dollars, tout en restant président. Il espérait que l’appui d’un grand groupe permettrait à Atari de devenir le Disney du jeu électronique.
Mais dès 1978, des tensions apparaissent entre lui et les cadres de Warner. Bushnell, rêveur et imprévisible, veut explorer l’arcade, les robots domestiques, les restaurants thématiques (idée qui deviendra plus tard Chuck E. Cheese's, sa propre franchise). Warner, de son côté, préfère verrouiller la chaîne de production, cadrer les coûts et transformer Atari en machine à cash.
Bushnell est poussé vers la sortie à l’automne 1978. Il quitte Atari, riche mais frustré, et laisse derrière lui une entreprise qui pèsera bientôt plusieurs milliards.
🧭 Conclusion partielle : L’empreinte d’un pionnier
De 1972 à 1978, Nolan Bushnell transforme une idée expérimentale en l’une des plus grandes entreprises du monde du divertissement électronique. Visionnaire, habité par une volonté constante d’innover et de surprendre, il a posé les fondations du jeu vidéo moderne, en démocratisant l’arcade, en introduisant les consoles de salon, et en inventant un modèle économique encore utilisé aujourd’hui.
La suite de son parcours — entre expériences plus marginales, retours sporadiques et projets futuristes — fera l’objet de notre troisième volet, consacré à l’après-Atari.