Histoire des jeux vidéo

Street Fighter 1

Vivement la suite

Illustration

Le premier Street Fighter, sorti en arcade en 1987, est un titre fondateur bien que trop souvent éclipsé par la suite mythique de la saga.

1) Les débuts bruts d’une légende

Quand Capcom posait les bases du jeu de combat moderne

Contexte de sortie : les années 1980 et l'essor des jeux d’arcade

En 1987, les salles d’arcade sont en plein boom. Après les hits de Pac-Man, Donkey Kong ou Double Dragon, le public cherche des jeux plus dynamiques, plus violents, plus techniques. C’est dans ce contexte que Capcom lance une idée neuve : un jeu où deux combattants s’affrontent en duel, avec des coups spéciaux, une barre de vie, et un enchaînement de duels mondiaux.

C’est la naissance du tout premier Street Fighter — le prototype d’un genre encore balbutiant : le versus fighting.

🎮 Le gameplay : rudimentaire, mais fondateur
Le premier Street Fighter introduit plusieurs éléments clés qui deviendront standards du genre :

Deux combattants s’affrontent dans un combat un contre un,

Chaque joueur dispose d’une barre de vie qui se vide à chaque coup reçu,

Le combat se joue en deux rounds gagnants,

Des coups spéciaux secrets peuvent être déclenchés par des combinaisons de directions + boutons.

Le jeu est aussi célèbre pour sa borne originale équipée de deux énormes boutons sensibles à la pression, qui déterminaient la puissance du coup selon la force de la frappe du joueur physique. Cette technologie, spectaculaire sur le papier, s’est révélée peu fiable et propice aux blessures, poussant Capcom à la remplacer par six boutons standards (3 coups de poing + 3 coups de pied).

👊 Personnages jouables : Ryu, et Ken… en second joueur
Le joueur incarne Ryu, un jeune maître d’arts martiaux japonais en quête de perfection. Si un second joueur rejoint la partie, il incarne Ken, son rival et ami, mais le gameplay reste strictement identique entre les deux.

Le jeu propose ensuite une série de combats contre dix adversaires répartis sur cinq pays :

Japon (Retsu, Geki),

États-Unis (Joe, Mike),

Chine (Lee, Gen),

Angleterre (Birdie, Eagle),

Thaïlande (Adon, Sagat).

Oui, Gen, Birdie, Adon et Sagat feront leur grand retour dans les épisodes ultérieurs. Déjà à l’époque, Capcom pense à construire un univers récurrent.

⚡ Coups spéciaux et commandes
Ce qui rend le jeu unique à l’époque, ce sont les premiers coups spéciaux cachés de l’histoire :

Hadōken (boule d’énergie),

Shōryūken (uppercut du dragon),

Tatsumaki Senpūkyaku (coup de pied tourbillon).

Mais attention : ces coups sont extrêmement durs à sortir, avec une fenêtre de tolérance très faible. Résultat : une grande partie des joueurs de l’époque ignorent leur existence, ce qui donne au jeu un goût rigide et brutal, souvent punitif.

🎨 Réalisation technique : pour l’époque, un jeu impressionnant
Avec ses sprites massifs, ses voix digitalisées ("You must defeat Sheng Long to stand a chance !"), et ses décors variés à travers le monde, Street Fighter 1987 frappe fort visuellement. Les animations sont parfois raides, mais la mise en scène des combats internationaux séduit.

🗺️ C’est l’un des premiers jeux à ancrer ses affrontements dans une carte du monde, une idée visuelle qui deviendra iconique dans Street Fighter II.

💬 Accueil critique et public
À sa sortie, le jeu reçoit un accueil mitigé :

Les joueurs sont impressionnés par les voix, les graphismes et les affrontements planétaires,

Mais déçus par une jouabilité rigide, des commandes imprécises, et une difficulté trop punitive.

Résultat : Street Fighter 1987 n’est pas un échec, mais n’atteint pas le statut culte qu’auront d’autres jeux de baston comme Double Dragon ou Kung-Fu Master. Il pose néanmoins les bases fondamentales d’un genre, et devient rétrospectivement le prototype imparfait d’un futur géant.

🔄 Héritage et postérité
Malgré ses défauts, Street Fighter premier du nom introduit :

La logique des combats 1v1 à barre de vie,

Les personnages iconiques récurrents,

Les commandes directionnelles pour coups spéciaux,

Le concept du tour du monde des arts martiaux.

Mais c’est surtout son successeur, Street Fighter II (1991), qui fera exploser tous ces concepts et créera le standard absolu du genre.

Cela n’empêche pas Capcom d’avoir réhabilité le premier jeu à travers plusieurs compilations (Capcom Classics Collection, Street Fighter 30th Anniversary Collection), et d’avoir réintégré plusieurs de ses combattants secondaires dans des opus plus récents (notamment Street Fighter Alpha).

Le grand frère de Street Fighrer 2 est pour ainsi dire un brouillon génial :

Street Fighter 1 est à la fois une œuvre de transition naviguant entre les beat ’em up linéaires et le combat duel pur, il est aussi un titre novateur, montrant que l’on peut affronter l’ordinateur ou un ami dans un combat singulier, stratégique, symbolique, instaurant les bases du VS Fighting telles que Street Fighter 2 allait les suivre.

Un jeu qui, sans être culte à sa sortie, allait ouvrir la voie à l’un des piliers du jeu vidéo moderne, et à une des franchises les plus influentes de tous les temps.