Histoire des jeux vidéo

Teenage Mutant Ninja Turtles III: The Manhattan Project (1991)

La consécration 8-bit des Tortues Ninja

Illustration

Après le succès critique et commercial des deux premiers jeux NES, Konami décide de clôturer sa trilogie des Tortues Ninja sur 8-bit avec un opus totalement inédit, développé spécifiquement pour la console. Sorti en décembre 1991 au Japon sous le nom de Teenage Mutant Ninja Turtles 2: The Manhattan Project (le II faisant référence à l'arcade), puis en février 1992 en Amérique du Nord, ce jeu ne verra jamais de sortie officielle européenne à l’époque — ce qui en fait un joyau longtemps méconnu des joueurs du Vieux Continent.

🐢 Un scénario classique mais efficace
Alors que nos quatre héros profitent d’un moment de détente sur une plage de Floride, un flash télévisé interrompt leurs vacances : Shredder a kidnappé April O’Neil et a fait léviter l’île de Manhattan dans les airs à l’aide d’une technologie mystérieuse. Sans attendre, les Tortues repartent à l’action pour sauver leur amie et affronter le clan Foot dans une nouvelle aventure palpitante.

🎮 Gameplay et innovations
The Manhattan Project conserve la formule du beat 'em up à défilement horizontal des deux épisodes précédents, mais affine considérablement les mécaniques de jeu :

Chaque tortue dispose désormais de sa propre attaque spéciale unique, consommant une portion d’énergie.

Leonardo effectue une tornade circulaire,

Raphael réalise un plongeon en vrille,

Donatello exécute une attaque aérienne puissante,

Michelangelo saute en vrille avec ses nunchakus.

Le système de combat est plus fluide et plus précis que jamais sur NES, avec de meilleures hitboxes, des ennemis plus variés et des boss au comportement parfois très stratégique.

Le mode 2 joueurs en coopératif est toujours présent, et les joueurs peuvent désormais changer de tortue en cas de défaite, apportant une gestion d’équipe plus tactique.

🖼️ Réalisation technique : au sommet de la NES
Visuellement, The Manhattan Project est un tour de force technique. Konami repousse les limites de la NES avec des sprites bien animés, des effets de fond réussis, et des environnements variés : plages, bateaux, égouts, ciel de Manhattan, base spatiale…

La bande-son, signée Mutsuhiko Izumi et Yuichi Sakakura, propose des pistes originales aux sonorités dynamiques, très proches de l’esthétique du dessin animé, tout en conservant la couleur sonore 8-bit propre à la console.

🧠 Une difficulté bien calibrée
Contrairement à certains titres de l’époque, la courbe de difficulté est bien mieux équilibrée que dans les deux premiers volets. Les ennemis ne surgissent plus de façon chaotique et les combats de boss — avec Tokka, Rahzar, Bebop, Rocksteady, et même Shredder dans une armure futuriste — exigent une bonne dose d’apprentissage et de réflexes.

Le jeu propose 8 niveaux complets, chacun avec ses propres gimmicks, piéges et ennemis. Le tout se boucle en environ 1h30, avec une durée de vie renforcée par le plaisir de la rejouabilité en coopératif.

🇯🇵 Un jeu qui a failli passer inaperçu en Europe
Fait rare : aucune version PAL n’a vu le jour à l’époque. Les joueurs européens n’ont pu découvrir ce titre que bien plus tard, via l’import ou des compilations modernes. Une lacune d’autant plus regrettable que ce troisième opus est souvent considéré par les fans comme le meilleur jeu des Tortues Ninja sur NES.

En 2022, il est enfin redécouvert à grande échelle grâce à la Cowabunga Collection, qui l’intègre dans sa sélection de jeux restaurés.

🏆 Héritage et reconnaissance tardive
Longtemps resté dans l’ombre, The Manhattan Project est aujourd’hui réhabilité comme l’un des meilleurs beat 'em ups 8-bit jamais réalisés. Son gameplay peaufiné, ses animations léchées et son ambiance fidèle à l’univers des Tortues en font l’aboutissement parfait de la trilogie NES.

Teenage Mutant Hero Turtles III: The Manhattan Project est le baroud d’honneur de Konami sur NES, un jeu précis, généreux et totalement maîtrisé. S’il a souffert d’un manque de visibilité à sa sortie, il demeure aujourd’hui un incontournable du catalogue NES et un témoignage du savoir-faire de Konami dans l’adaptation vidéoludique d’une licence culte. Pour tous les amateurs de rétrogaming et de combats de rue pixelisés, il mérite pleinement sa place dans la légende vidéoludique des années 90.