Histoire des jeux vidéo

Far Cry New Dawn

Le monde d’après

Illustration

Sorti le 15 février 2019, Far Cry: New Dawn est à la fois une suite directe de Far Cry 5 et un spin-off expérimental à la croisée du FPS post-apocalyptique et du jeu de survie coloré. Moins ambitieux dans son format que les opus numérotés, mais plus audacieux dans son esthétique, New Dawn poursuit la tradition des épisodes alternatifs de la saga (Far Cry Primal en 2016, Blood Dragon en 2013), tout en posant une vraie question :

Que reste-t-il d’un monde après le feu nucléaire… quand la nature décide de tout reprendre ?

Un Montana ravagé, mais en fleur
New Dawn se déroule 17 ans après la fin de Far Cry 5. La bombe est tombée. Hope County n’est plus qu’une terre irradiée partiellement, sauvage, mutante. Mais plutôt qu’un désert grisâtre à la Fallout, Ubisoft surprend en proposant un monde post-apocalyptique vivant, fleuri, presque onirique.

La nature a repris ses droits :

Les forêts sont rose vif, les cieux d’un bleu électrique ;

Les animaux sont plus hostiles, parfois mutés ;

Les bâtiments sont des carcasses rouillées reconverties en abris ou ateliers.

Ce n’est pas une fin du monde lugubre, mais une réinvention visuelle, éclatante, déroutante et stylisée.

Deux nouvelles antagonistes : les jumelles Mickey et Lou
Après Joseph Seed et sa secte mystique, New Dawn oppose le joueur à deux sœurs redoutables : Mickey et Lou, chefs d’un gang nomade ultra-violent nommé les Ravageurs.
Armées, impitoyables, ces jeunes femmes gouvernent la région par la terreur, volant ressources et carburant aux survivants.

Elles incarnent la nouvelle anarchie post-nucléaire, où seule la force dicte la loi. Leur contraste avec Joseph Seed est total : là où ce dernier manipulait l’esprit, les jumelles utilisent la batte cloutée.

Un gameplay resserré mais enrichi
Far Cry: New Dawn conserve les fondamentaux de la série :

FPS en monde ouvert ;

Prises de camps ennemis ;

Missions principales et secondaires ;

Système de progression par compétences et équipements.

Mais il introduit plusieurs mécaniques inédites :

Système de rareté des armes et ennemis, à la manière d’un RPG ;

Base principale évolutive, nommée Prosperity, qu’il faut améliorer pour débloquer de nouveaux atouts, armes, ou expéditions ;

Crafting centralisé, où chaque ressource devient précieuse ;

Expéditions, missions spéciales dans d'autres régions des États-Unis (bayous, canyons, porte-avions), apportant variété et exploration hors Hope County.

Cette structure évoque un croisement entre Far Cry et Borderlands : loots, couleurs flashy, montée en puissance… le tout sans abandonner l’ADN Ubisoft.

Un retour spirituel et narratif : Joseph Seed, prophète déchu
Dans une tournure inattendue, New Dawn fait revenir Joseph Seed, vieilli, retiré dans la forêt, à la tête d’une nouvelle communauté mystique : les Nouveaux Élus.

Il vit en reclus, rongé par la culpabilité ou la foi, selon l’interprétation du joueur. Son retour tisse un lien fort avec Far Cry 5, et permet de boucler certaines intrigues, notamment en révélant ce qu’il reste de son “règne”.

Le joueur, cette fois incarné par un protagoniste muet surnommé Le Capitaine, devra interagir avec Seed dans un arc narratif ambigu, entre rédemption, folie et abandon de soi.

Durée de vie contenue, ambitions claires
Moins vaste que Far Cry 5, New Dawn se veut plus ramassé, plus direct. Comptez 12 à 15 heures pour la campagne principale, mais beaucoup plus si l’on souhaite explorer toutes les zones, faire toutes les expéditions, améliorer entièrement Prosperity ou débloquer toutes les armes de haut niveau.

Les compagnons (appelés ici “Armes à louer”) sont de retour :

Nana, tireuse d’élite grinçante ;

Carmina Rye, fille de Nick Rye (héros du précédent épisode) ;

Horatio, un sanglier de combat surpuissant et affectueux.

Le ton est moins sérieux que Far Cry 5, flirtant parfois avec l’absurde et le délire visuel. Cette direction déplaira à ceux qui espéraient une suite sombre et réaliste, mais séduira ceux qui apprécient les variantes assumées, décomplexées et colorées.

Réception mitigée, mais impact réel
À sa sortie, Far Cry: New Dawn divise la critique :

Certains saluent son rythme, sa fraîcheur visuelle, et sa capacité à boucler l’univers de Far Cry 5 ;

D’autres pointent un recyclage de carte trop évident, une durée de vie plus courte, et une direction artistique trop "pop" pour un monde post-apocalyptique.

Cependant, il a su séduire un public fidèle, et préparer le terrain pour un futur changement de cap : Far Cry 6 abandonnera Hope County pour un monde nouveau, plus vaste, plus politique.

Conclusion : Une mutation temporaire mais inspirée
Far Cry: New Dawn n’est pas un épisode majeur, mais il est l’un des plus originaux dans son ambiance et son esthétique.
C’est une tentative de renouvellement qui prend des risques dans la forme, sans sacrifier le fond. En assumant son côté arcade, mutant, floral et apocalyptique, Ubisoft propose une expérience hybride, condensée, et narrativement intéressante, notamment pour ceux ayant terminé Far Cry 5.