Histoire des jeux vidéo

Far Cry 4

L’héritage des montagnes

Illustration

Sorti en novembre 2014 sur PC, PlayStation 3, PlayStation 4, Xbox 360 et Xbox One, Far Cry 4 a la lourde tâche de succéder à un épisode 3 acclamé autant par les critiques que par le public. Ubisoft décide alors de ne pas tout réinventer, mais d’étendre, densifier et magnifier la formule gagnante : un monde ouvert luxuriant, un tyran charismatique, un héros en quête d’identité, et une mécanique de libération par le chaos.

Si Far Cry 4 n’a pas l’effet de choc de son prédécesseur, il affirme la solidité d’une recette désormais emblématique, et s’offre même quelques innovations intéressantes, notamment sur le terrain du multijoueur et de la verticalité.

Bienvenue au Kyrat, entre paradis et oppression
Changement de décor : cette fois, on quitte les plages tropicales de Rook Island pour les montagnes majestueuses de l’Himalaya. Le joueur incarne Ajay Ghale, un jeune Américain d’origine népalaise de retour dans son pays natal, le Kyrat, pour y répandre les cendres de sa mère.

Il découvre rapidement que la région est en proie à une guerre civile brutale opposant le dictateur Pagan Min, figure excentrique et sanguinaire en costume rose, à la Golden Path, une organisation rebelle fondée jadis par le père d’Ajay.

Pagan Min : un méchant à la fois kitsch et terrifiant
À l’instar de Vaas dans Far Cry 3, Pagan Min est l’un des points forts du jeu. Arrogant, narcissique, maniéré, mais terriblement imprévisible, il s’exprime avec une politesse déroutante qui contraste avec ses actes d’une cruauté glaciale.

Moins dérangé psychologiquement que Vaas, Pagan est plus manipulateur, presque théâtral. Interprété par Troy Baker, il ne surgit que rarement à l’écran, mais chacune de ses apparitions laisse une empreinte marquante dans l’expérience du joueur.

Un monde ouvert vertical, riche et dangereux
Far Cry 4 conserve la structure bac à sable de l’épisode précédent : libération de postes ennemis, chasse d’animaux pour crafter des objets, escalade de tours radio, quêtes secondaires multiples. Mais ici, la verticalité devient une composante majeure grâce à :

L’introduction du gyrocoptère, un mini-hélicoptère libre d’usage ;

Le retour du wingsuit (ailes volantes) ;

Des environnements plus montagneux, qui poussent à repenser les itinéraires et l’exploration.

L’univers du Kyrat regorge de détails culturels inspirés du Népal, entre rites religieux, chants tibétains, temples, conflits politiques, mythologie bouddhiste et paysages enneigés. La faune est particulièrement hostile : tigres, rhinocéros, aigles géants ou éléphants, que le joueur peut même chevaucher pour attaquer les ennemis.

Gameplay peaufiné et coopératif
En termes de gameplay, Ubisoft affine ce qui fonctionnait déjà :

Arbre de compétences amélioré ;

Arsenal plus fourni, avec arc, mortiers, arbalètes, et armes artisanales ;

Possibilité d’approche furtive plus efficace.

Surtout, Far Cry 4 introduit la coopération libre dans le monde ouvert : un second joueur peut rejoindre votre partie à tout moment (hors missions scénarisées), pour vous aider à capturer des avant-postes ou simplement semer le chaos dans le Kyrat. Une vraie valeur ajoutée.

Des missions hallucinées et des choix moraux ambigus
En marge des combats classiques, le jeu propose :

Des séquences psychédéliques liées au personnage d’Hurk ou à la dimension mystique de Shangri-La, avec un tigre spectral et des environnements oniriques ;

Une confrontation idéologique entre les deux chefs du Golden Path : Sabal, traditionaliste, et Amita, moderniste. Les choix du joueur affecteront le destin du pays et les dialogues finaux.

La narration n’est pas aussi puissante que dans Far Cry 3, mais elle reste solide, avec un propos sur le colonialisme, les racines culturelles, et le rôle du héros dans un conflit qu’il ne comprend pas pleinement.

Réception critique et succès commercial
Far Cry 4 reçoit un accueil globalement très favorable :

Les décors sont salués pour leur richesse et leur beauté ;

Le gameplay, bien que peu révolutionnaire, est considéré comme le plus fluide de la série à ce moment-là ;

Le méchant Pagan Min séduit une grande partie des joueurs.

Avec plus de 7 millions de copies vendues dès sa première année, le jeu confirme la capacité d’Ubisoft à faire de Far Cry une franchise majeure du monde vidéoludique, au même titre qu’Assassin’s Creed ou Watch Dogs.

Conclusion : Une consolidation brillante, mais sans surprise majeure
Far Cry 4 n’est pas un bouleversement, mais une confirmation : celle que la série a trouvé son rythme, son style, et son public. Avec son décor grandiose, son antagoniste théâtral, et son gameplay complet, il s’impose comme un excellent épisode, sans prendre trop de risques.

Il sera suivi en 2016 par un épisode dérivé – Far Cry Primal – se déroulant à l’âge de pierre, puis par Far Cry 5, qui reviendra avec un ton plus politique et controversé. Mais en 2014, c’est bien au sommet des montagnes que Far Cry trône, sûr de lui, solide, et toujours plus immersif.