Sorti en novembre 2012 sur PC, Xbox 360 et PlayStation 3, Far Cry 3 a marqué un tournant décisif dans l’histoire de la franchise Ubisoft. Après un premier opus qui avait brillé par sa technique et un deuxième épisode audacieux mais clivant, Far Cry 3 est parvenu à réunir la critique, les joueurs, et l’industrie dans un rare consensus : celui d’un jeu en monde ouvert à la fois viscéral, captivant, et redoutablement bien écrit.
Retour au paradis… version cauchemar
Le jeu nous place dans la peau de Jason Brody, un jeune touriste américain qui, en voyage avec ses amis sur une île tropicale paradisiaque, se retrouve capturé par des trafiquants dirigés par le sadique et instable Vaas Montenegro. Ce personnage, incarné avec brio par l’acteur Michael Mando, deviendra rapidement une figure emblématique du jeu vidéo contemporain.
Le scénario suit la lente transformation de Jason, de jeune homme naïf à guerrier sauvage, dans une trajectoire psychologique surprenante, voire dérangeante. Far Cry 3 interroge la violence, la survie, et la perte de repères moraux dans un monde où les règles ont disparu.
Un monde ouvert vivant et libre
Ubisoft abandonne ici la structure semi-linéaire de Far Cry 2 pour un véritable monde ouvert tropical inspiré des îles du Pacifique Sud, divisé entre jungle dense, plages lumineuses, montagnes volcaniques, et villages de fortune. L’aire de jeu est vaste, richement détaillée, et regorge de points d’intérêt : camps ennemis, animaux sauvages, quêtes secondaires, ruines à explorer, courses, et missions d’assassinat.
L’une des grandes innovations est la systémisation du gameplay : les animaux peuvent interagir avec les ennemis (et vous), les incendies se propagent dynamiquement, et les déplacements s’enrichissent de nombreuses options (parachute, deltaplane, véhicules terrestres, aquatiques, etc.). Le joueur peut aussi débloquer des compétences dans un arbre de talents symbolisé par un tatouage tribal qui se développe au fil de l’aventure.
Un équilibre rare entre action et narration
Far Cry 3 parvient à conjuguer la liberté du bac à sable et une narration très dirigée dans ses moments clés. Les scènes cinématiques, souvent hallucinées, témoignent d’un style audacieux qui s’inspire parfois du cinéma psychédélique, notamment lors des séquences de rituels chamaniques.
L’histoire principale, bien que classique dans sa structure (sauver ses amis, vaincre les chefs ennemis, choisir son destin), tire sa force de ses personnages secondaires forts, de ses dialogues bien écrits, et de la montée en puissance intérieure de Jason, qui oscille entre héros et monstre.
Un succès critique et commercial majeur
Dès sa sortie, Far Cry 3 s’attire les louanges :
Direction artistique réussie, avec des décors exotiques somptueux.
Gameplay dynamique, jouissif et riche en possibilités.
Narration audacieuse, servie par un antagoniste inoubliable.
Il s’écoulera à plus de 10 millions d’exemplaires à travers le monde, ce qui en fait à l’époque le plus grand succès de la série, avant d’être dépassé plus tard par Far Cry 5. La presse spécialisée parle d’un retour au premier plan pour Ubisoft Montréal, qui signe là l’un de ses jeux les plus complets et maîtrisés de la décennie.
Héritage et influence
Far Cry 3 redéfinit le standard du FPS en monde ouvert pour les années 2010. Il influence non seulement les épisodes suivants de la série (jusqu’à Far Cry 6), mais aussi une myriade d’autres jeux Ubisoft (Assassin’s Creed Origins, Ghost Recon Wildlands, Watch Dogs 2), qui empruntent ses mécaniques de libération de zones, ses tours à escalader, ou son approche d’un monde ouvert riche en événements dynamiques.
Le spin-off Far Cry 3: Blood Dragon, sorti en 2013, enfoncera le clou avec une réinterprétation néon rétro-futuriste totalement déjantée, saluée pour son humour et son hommage au cinéma des années 1980.
Far Cry 3 n’est pas seulement un excellent jeu d’action. Il est aussi une expérience sensorielle et psychologique qui marque durablement par son ambiance, ses personnages et ses dilemmes. Il propulse la licence dans une nouvelle ère, celle des mondes ouverts narratifs et des anti-héros ambigus, où la frontière entre sauvagerie et civilisation est plus floue que jamais.