Histoire des jeux vidéo

Street Fighter 3 Third Strike

le 3 ème strike

Illustration


Street Fighter III: 3rd Strike (Dreamcast, 29 juin 2000) : l’ultime raffinement du combat en 2D
Lorsqu’il débarque sur Dreamcast en juin 2000, Street Fighter III: 3rd Strike – Fight for the Future incarne le chant du cygne de la 2D traditionnelle chez Capcom, dans ce qu’elle a de plus raffiné, exigeant et majestueux. Si Street Fighter Alpha 3 était l’apothéose d’une formule bien connue, 3rd Strike est l’expression radicale d’un nouveau paradigme : un gameplay axé sur la précision millimétrique, un roster audacieux, et une vision stylistique bien à part.

Contexte : l’enfant audacieux de Capcom
Lancé à l’origine en 1999 sur CPS-3, le système arcade le plus avancé de Capcom, Street Fighter III: 3rd Strike est le troisième volet d'une série démarrée en 1997. Le but initial : renouveler complètement la formule Street Fighter II, avec :

Une direction artistique renouvelée

Un système de jeu entièrement reconstruit

Et surtout un nouveau casting, qui déstabilise d’abord les fans.

La Dreamcast, dotée d’un hardware proche de l’arcade, reçoit une conversion presque identique à la version CPS-3, et devient pour longtemps le seul moyen domestique de jouer à 3rd Strike de manière fidèle, avant l’arrivée de versions Xbox et PS2 dans les années 2000.

Graphismes : l’animation comme forme d’art
Techniquement, 3rd Strike pousse la 2D au sommet de sa finesse animée :

Chaque personnage est constitué de 600 à 1200 frames d’animation, un record pour un jeu de combat à l’époque.

Les sprites sont larges, expressifs, finement colorés, dotés de mouvements fluides, avec une physique souple et très naturelle.

Les décors, bien que moins flashy que dans la série Alpha, sont d’une grande beauté, avec des animations d’arrière-plan subtiles, des jeux de lumière dynamiques et des touches culturelles marquées.

Sur Dreamcast, le jeu tourne en plein écran, en 60 images par seconde, sans perte par rapport à l’arcade. Aucun ralentissement, aucun chargement parasite.

Système de jeu : l'art du parry
Le gameplay de 3rd Strike est défini par un mot : maîtrise. Il repose sur une base simple (6 boutons, quart de cercle, etc.) mais introduit plusieurs éléments uniques :

Le parry (ou “parade”) : une pression vers l’avant ou le bas pile au moment où l’attaque adverse arrive. Cela annule les dégâts et ouvre une contre-attaque. Ce système transforme complètement les affrontements : chaque coup peut être annulé, chaque erreur peut être retournée contre vous.

Le choix du Super Art : chaque personnage dispose de 3 Super Arts (équivalent aux Super Combos), dont un seul peut être sélectionné avant le match. Cela donne une profondeur stratégique inédite.

Les juggle combos, les dashs, les overheads, les sauts courts et l’Universal Overhead font partie d’un système nerveux et très technique.

3rd Strike est souvent vu comme le Street Fighter le plus exigeant, mais aussi le plus gratifiant.

Roster : entre tradition et renouvellement
Le roster de 3rd Strike contient 20 personnages jouables, dont seuls Ryu, Ken, Chun-Li et Akuma subsistent des anciens épisodes. Les autres sont :

Alex, le héros "théorique", robuste et mobile.

Dudley, boxeur anglais technique.

Makoto, experte en karaté au gameplay explosif.

Q, personnage masqué énigmatique.

Remy, sorte de Guile gothique.

Twelve, être biomorphique aux transformations étranges.

Urien, frère de Gill, centré sur les mix-ups avec son miroir (Aegis Reflector).

Chaque personnage est singulier, souvent atypique, et demande un investissement pour en tirer toute la quintessence.

Ambiance musicale et sonore : jazz, hip-hop et expérimentation
La bande-son, composée par Hideki Okugawa, opte pour un style urbain, jazzy, et hip-hop. C’est un pari audacieux qui donne au jeu une identité sonore unique :

Le thème de Q est inquiétant et lent.

Celui de Chun-Li rend hommage à ses origines tout en les modernisant.

Le stage de Makoto évoque l’ambiance rurale japonaise.

Les commentaires vocaux (“Let’s get it on now!”), les jingles, et les effets sonores percutants renforcent cette ambiance à part, très éloignée de la fanfare classique des jeux Capcom.

Modes de jeu : minimalisme et arcade
La version Dreamcast inclut les modes suivants :

Arcade (avec dialogues d’intro et de fin)

Versus

Training (très complet)

Option mode

Pas de mode World Tour ou Dramatic Battle ici : 3rd Strike est un jeu purement orienté vers le versus fighting. C’est un titre conçu pour l’affrontement pur, sans superflu narratif.

Réception critique et postérité
À sa sortie sur Dreamcast, 3rd Strike est salué pour :

Sa fidélité arcade

Sa profondeur technique

Son animation exemplaire

Mais certains critiques lui reprochent un casting trop éloigné des personnages classiques, et une courbe d’apprentissage abrupte. Le grand public ne suit pas, et le jeu reste une œuvre de niche jusqu’au célèbre match Daigo vs Justin Wong à l’EVO 2004, où le “parry comeback” de Daigo Umehara remet 3rd Strike au centre du monde compétitif.

Depuis, il est réhabilité comme l’un des meilleurs jeux de combat jamais créés.

L'élégance suprême du combat
Street Fighter III: 3rd Strike sur Dreamcast est le bijou d’un âge d’or en déclin. À la fois expérimental, brutalement exigeant, et esthétiquement majestueux, il continue d’inspirer des générations de joueurs. Son système de parry a marqué à jamais l’histoire du versus fighting, et son esprit survit dans Street Fighter IV, V, et même 6, tous influencés par ce chef-d’œuvre.

Dans la ludothèque Dreamcast, 3rd Strike occupe une place à part : celle d’un diamant brut, dont l’éclat ne cesse de croître avec le temps.