Histoire des jeux vidéo

Street Fighter Alpha 3

L'un des meilleurs

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Street Fighter Alpha 3 (Dreamcast, juillet 1999) : le pinacle d'une série de transition
Lorsque Street Fighter Alpha 3 débarque sur Sega Dreamcast en juillet 1999, Capcom offre aux joueurs ce qui sera souvent considéré comme la version la plus aboutie techniquement de l’ère 2D sur consoles. Troisième volet de la sous-série Alpha (appelée Zero au Japon), il s’inscrit comme une synthèse nerveuse et généreuse des codes du jeu de combat, à la fois rétro et audacieusement moderne.

Contexte et genèse de la version Dreamcast
Sorti initialement en arcade en juin 1998, Street Fighter Alpha 3 était basé sur le système CP System II de Capcom. Il succède à Alpha 2, et marque une nette rupture en introduisant un système de “-isms” (styles de combat personnalisés) et une direction artistique plus sombre que ses prédécesseurs.

La Dreamcast, lancée au Japon fin 1998 et en Amérique en septembre 1999, propose un hardware proche de l’arcade, ce qui permet à Capcom de livrer un portage quasiment arcade perfect, bien plus fidèle que ce que permettaient la PlayStation ou la Saturn. La version Dreamcast devient rapidement une référence en termes de fluidité, de contenu, et de finesse visuelle, dans une période où la 2D semblait menacée par la poussée du tout-3D.

Graphismes et animation : la 2D à son sommet
Sur Dreamcast, le jeu tourne en plein écran avec des sprites finement ciselés, colorés et détaillés. L’animation est ultra-fluide (60 fps), et aucun effet n’est sacrifié : transparences, zooms, scrollings multiples et effets d’impact sont conservés. Les décors, bien que figés, respirent une identité visuelle forte, mêlant urbanité, ambiance rétro-futuriste et influences asiatiques.

La Dreamcast montre ici toute sa puissance : c’est sans doute l’un des plus beaux jeux de combat 2D jamais proposés sur console à l’époque. À noter que les temps de chargement sont très courts, un exploit pour le genre.

Système de jeu : les “-isms” et la liberté de style
Alpha 3 introduit une innovation majeure : trois styles de combat, appelés “-isms” :

A-ism : style classique, basé sur les Super Combos à plusieurs niveaux.

X-ism : inspiré de Super Street Fighter II Turbo, avec un seul Super mais plus de puissance.

V-ism : style basé sur des Custom Combos à créer soi-même, à haut potentiel de combos destructeurs.

Ce système donne au joueur une grande liberté stratégique, favorisant des styles très variés : offensif, défensif, technique ou brutal. Chaque personnage change légèrement selon l’-ism choisi, renforçant la rejouabilité.

Le système de garde, le Guard Crush, limite les blocages abusifs : une jauge diminue à chaque défense, poussant à jouer de manière proactive.

Roster gigantesque et équilibré
La version Dreamcast inclut 34 personnages jouables (contre 28 dans la version arcade), avec des ajouts bienvenus issus d’autres séries Capcom :

Fei Long, Dee Jay, T. Hawk, et Guile rejoignent le casting.

Le boss M. Bison (Vega au Japon) revient en force, toujours aussi redoutable.

Le redouté Shin Akuma et le mystérieux Juli et Juni sont également présents.

Le casting est équilibré, bien que certains personnages (V-ism Akuma notamment) soient plus puissants en tournoi. La diversité de gameplay entre personnages est énorme.

Modes de jeu et contenu annexe
Là où la Dreamcast surpasse les autres versions, c’est dans la richesse de son contenu solo :

Arcade, Versus, Training, Dramatic Battle (2 contre 1).

Le World Tour Mode, un mode aventure où l’on développe un personnage sur une carte mondiale en affrontant des adversaires aux règles spécifiques (comme la gravité modifiée, les contres instantanés, etc.).

Mode Saikyo Dojo, spécifique à la Dreamcast japonaise, permettait de télécharger des fantômes d'autres joueurs.

Tous ces modes renforcent la longévité du titre, une rareté dans les jeux de combat 2D à l’époque.

Réception critique et héritage
À sa sortie, Street Fighter Alpha 3 sur Dreamcast reçoit un accueil presque unanimement élogieux :

Les critiques saluent la fidélité arcade, le contenu pléthorique, la richesse du gameplay et l’excellence technique.

Certains pointent du doigt une courbe d’apprentissage élevée, notamment avec les V-isms très techniques.

Il s’impose comme une référence absolue en matière de versus 2D sur console, avant l’arrivée d’autres portages de prestige comme Guilty Gear X ou Capcom vs SNK sur Dreamcast.

Une œuvre-charnière dans l’histoire du versus fighting
Street Fighter Alpha 3 sur Dreamcast cristallise une époque charnière où la 2D lutte pour sa survie face à la montée de la 3D. Par sa qualité d’exécution, sa profondeur stratégique et son esthétique maîtrisée, il demeure aujourd’hui encore un classique intemporel du jeu de combat.

Plus qu’un simple portage, il est un témoignage d’amour de Capcom pour son propre héritage, et un cadeau pour les amateurs de versus fighting exigeant et technique. Dans la ludothèque Dreamcast, il occupe une place à part : celle du versus 2D en état de grâce.