Histoire des jeux vidéo

Zelda 2 NES

Une suite qui fait encore parler d'elle

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Zelda II: The Adventure of Link, sorti en 1987 sur NES (Nintendo Entertainment System), occupe une place à part dans l'histoire de la série The Legend of Zelda, et plus généralement dans l’univers du jeu vidéo. Ce jeu, bien qu’il fasse partie de l’une des franchises les plus populaires et influentes de l’industrie, s’en distingue radicalement de ses successeurs immédiats. Loin de suivre la formule établie par The Legend of Zelda (1986), Zelda II est un titre expérimental et audacieux qui mêle différents genres et mécanismes de jeu. Voici une analyse détaillée des raisons pour lesquelles Zelda II a un statut particulier dans la saga, et pourquoi il se distingue dans l’évolution de l’univers Zelda.

1. Un changement radical de gameplay : du top-down au side-scrolling
Le tout premier Zelda (1986) a été une révolution pour l'époque grâce à son gameplay en vue du dessus, son exploration libre et son monde ouvert, posant les bases de ce qui allait devenir un standard dans les jeux d'aventure. Le premier Zelda se distingue par sa structure en monde ouvert, ses donjons labyrinthiques, son exploration et ses combats en temps réel mais relativement simples.

Zelda II: The Adventure of Link, en revanche, s'éloigne totalement de cette formule. Il adopte une vue de côté (side-scrolling) pour les phases d'exploration et de combat, un choix audacieux qui le place dans une position à part dans la série. De plus, ces phases de combat en 2D latérales ressemblent davantage à un jeu de plateforme ou de beat 'em up, avec des combats dynamiques où Link doit sauter et attaquer en différentes directions, au lieu de l'approche plus stratégique et simpliste de son prédécesseur.

Cette décision était inhabituelle à une époque où les jeux d'aventure en vue du dessus étaient extrêmement populaires, mais elle montrait l'ambition de Nintendo de mélanger des genres pour offrir quelque chose de neuf, bien que cela ait déconcerté de nombreux joueurs de l'époque.

2. Une approche RPG plus marquée avec des éléments de progression
Une autre caractéristique marquante de Zelda II est son élément RPG (jeu de rôle) bien plus prononcé que dans le premier jeu. Alors que The Legend of Zelda se concentrait principalement sur l'exploration et les combats, Zelda II introduit des éléments de level-up, où Link gagne des points d'expérience (XP) en tuant des ennemis. Ces points d’expérience permettent d'améliorer trois attributs : la vie (life), la magie (magic), et la force (attack).

Cette mécanique de progression fait de Zelda II un jeu de rôle au sens strict du terme, avec un système de niveaux où le joueur choisit comment distribuer les points dans les différentes compétences de Link. Cela a été perçu comme une nouveauté, mais aussi comme un changement perturbant par rapport aux attentes des joueurs qui s'attendaient à une expérience similaire à celle du premier jeu, qui ne proposait pas de progression de personnage de cette manière.

De plus, le système de magie est intégré au gameplay de manière beaucoup plus significative. Link doit apprendre des sorts spécifiques, certains étant nécessaires pour progresser dans le jeu, comme le sort de la levitation pour traverser les gouffres ou le sort de la foudre pour attaquer certains ennemis. Cette approche transforme le jeu en une expérience plus proche de l’univers des jeux de rôle à la Final Fantasy de l'époque, et moins en une aventure purement d'action.

3. Un monde vaste et complexe avec des éléments de "world map"
Le monde d’Hyrule dans Zelda II est également radicalement différent de celui du premier jeu. Il n'est plus seulement exploré de manière linéaire dans un format en vue du dessus, mais divisé en zones interconnectées visibles sur une carte du monde. Cette carte, sur laquelle le joueur se déplace à pied, ressemble davantage à des éléments qu'on pourrait retrouver dans les RPG traditionnels, où le joueur doit naviguer d’une zone à l’autre, gérer des déplacements, des ressources et des rencontres avec des ennemis ou des personnages non joueurs.

Les rencontres aléatoires sur cette carte sont une autre mécanique d’inspiration RPG, où, tout comme dans les jeux de rôle classiques, le joueur peut tomber sur des ennemis qui lui infligent des dégâts s’il ne les évite pas. Ces combats sont très différents de ceux rencontrés dans le premier Zelda, où le joueur se déplace directement d'un lieu à un autre sans la notion de "monde global".

Cette approche de la carte du monde, mêlée à des zones de donjons classiques, introduit un sentiment d’exploration progressive qui deviendra plus standard dans les épisodes ultérieurs de la série. Cependant, Zelda II se distingue par sa difficulté, sa structure de progression plus linéaire, et sa difficulté, qui demande au joueur de revenir régulièrement à la carte centrale pour aller dans de nouveaux lieux à mesure que ses compétences se développent.

4. La narration et l’intrigue plus marquées
Dans le premier Zelda, l’histoire était très simple : Link doit sauver la princesse Zelda des griffes de Ganon en collectant les morceaux de la Triforce. Il s’agissait davantage d’un prétexte pour les aventures et les combats.

En revanche, Zelda II pousse un peu plus loin la narration, en lui attribuant un véritable objectif : Link doit réveiller la princesse Zelda, qui est tombée dans un sommeil magique, en collectant les gemmes des 6 sages et en affrontant Dark Link, un des boss les plus iconiques de la série. L'intrigue présente une profondeur supplémentaire avec un but plus personnel pour Link, la quête pour sauver Zelda prenant plus d'ampleur au fur et à mesure que l'on progresse dans le jeu. Cela ajoute une motivation à la quête de Link qui va au-delà de la simple mission de "trouver des artefacts".

5. La réception critique et le statut unique
La réception de Zelda II: The Adventure of Link a été partagée. Beaucoup de joueurs ont apprécié la difficulté du jeu et son approche innovante, mais de nombreux fans du premier jeu ont été déconcertés par les changements de gameplay, la difficulté élevée, et l’absence d’un style de jeu plus accessible comme celui du premier Zelda. Certains ont trouvé la transition vers un jeu de rôle un peu trop abrupte et n’ont pas apprécié les combats de plateforme ni les mécaniques de progression.

Il y a eu une division claire entre ceux qui l'ont adoré pour son audace et son aspect RPG, et ceux qui ont regretté que l’expérience Zelda perde son côté aventure et exploration libre, au profit d’un jeu plus structuré et plus difficile.

Cependant, avec les années, Zelda II a conquis un public fidèle qui apprécie son caractère unique et difficile, et il a même été réévalué positivement au sein de la série, comme un jeu qui a su expérimenter tout en enrichissant la saga avec des mécaniques qui seraient par la suite reprises dans des jeux comme Zelda: A Link to the Past ou Ocarina of Time.

6. Un héritage important mais discret
Bien que Zelda II n’ait pas connu le succès immédiat que l’on aurait pu attendre, il a été influent pour la série. Des éléments de gameplay comme les combat de plateforme, la progression par niveaux, et le système de magie ont été utilisés plus tard dans d'autres jeux Zelda et RPG. De plus, le personnage de Dark Link qui apparaît dans le jeu deviendra un ennemi récurrent de la saga, symbolisant une forme d’ombre de Link, une thématique forte dans les épisodes futurs de la série.


Zelda II: The Adventure of Link représente à la fois un écart audacieux par rapport au premier jeu et une expérimentation qui, même si elle a divisé les joueurs, a fini par être intégrée dans la mythologie de la saga Zelda. Ce jeu est un jalon unique, car il a cherché à repousser les limites de ce que pouvait être un jeu d’aventure à l’époque, en ajoutant des éléments de RPG et en changeant les mécanismes de gameplay. Bien qu'il ait été perçu comme une anomalie à l'époque, son statut particulier dans l'histoire de la série est aujourd'hui plus largement reconnu, et il demeure un jeu fascinant pour ceux qui cherchent à comprendre comment Zelda a évolué au fil du temps.