Histoire des jeux vidéo

Mobile Suit Gundam: Journey to Jaburo

Un Gundam à la troisième personne

Illustration

Mobile Suit Gundam: Journey to Jaburo – PlayStation 2 (2000)

Sorti au Japon en août 2000 puis en décembre de la même année aux États-Unis, **Mobile Suit Gundam: Journey to Jaburo** marque l’arrivée de la licence Gundam sur la PlayStation 2 avec une ambition claire : adapter de manière cinématographique et immersive l’univers de la première série animée, **Mobile Suit Gundam (1979)**, en exploitant les capacités graphiques de la nouvelle console de Sony.

Développé et édité par **Bandai**, le jeu s'inscrit dans un genre hybride mêlant action, tactique légère et immersion narrative, le tout dans un système de **vue à la troisième personne**. Il s’agit d’un des premiers titres à tenter de recréer l’expérience de piloter un Mobile Suit dans des environnements réalistes en 3D complète, tout en respectant le ton sérieux de la guerre dans l'univers Gundam.

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### Scénario et fidélité à l’œuvre originale

Le jeu suit de près le récit de la série originale **Mobile Suit Gundam**, se concentrant sur le personnage de **Amuro Ray**, jeune pilote du **RX-78-2 Gundam**, au cœur du conflit entre la Fédération de la Terre et le Duché de Zeon, durant la guerre d’un an.

L’histoire débute sur **Side 7**, colonie spatiale attaquée par Zeon, avant de suivre la progression de l’équipage du **White Base** jusqu’à **Jaburo**, quartier général souterrain de la Fédération situé en Amérique du Sud. Le jeu couvre donc les premières campagnes majeures de la série, avec des scènes intermédiaires parfois extraites de l’anime ou refaites avec le moteur du jeu.

Cette fidélité à l’univers est l’un des points forts du titre. Il s’adresse directement aux fans de la saga, en recréant avec sérieux l’ambiance militaire, la tension du champ de bataille et la complexité des personnages. Les amateurs de Gundam y retrouveront des figures marquantes telles que **Bright Noa**, **Char Aznable**, ou encore **Ramba Ral**.

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### Gameplay et système de jeu

**Journey to Jaburo** se joue entièrement en **vue à la troisième personne**, avec une caméra située derrière le Mobile Suit. Le joueur contrôle Amuro Ray dans son Gundam, au fil de missions structurées autour d’objectifs tactiques variés : élimination de cibles prioritaires, escorte de véhicules, défense de points stratégiques, ou encore infiltration et reconnaissance.

Les déplacements du Gundam sont lents mais lourds, avec un souci manifeste de retranscrire le poids et l’inertie des machines. Chaque action, qu’il s’agisse d’un tir, d’une esquive ou d’un changement de direction, est accompagnée d’une animation lente et réaliste. Cette approche peut paraître rigide pour les non-initiés, mais elle renforce l’immersion en accentuant le caractère mécanique des Mobile Suits.

Le Gundam peut utiliser plusieurs types d’armes : un fusil à rayon, une épée énergétique (beam saber), des boucliers, ou encore le légendaire canon de l’épaule. Il est également possible de sauter, de courir, et de faire des esquives latérales limitées.

Les ennemis sont variés, allant des Zaku II aux Gouf et autres modèles de Zeon. Leur IA est correcte mais prévisible, les rendant plus dangereux par leur nombre que par leur intelligence.

Le jeu propose aussi des **briefings de mission**, des séquences d’analyse d’objectifs, et un système de notation basé sur la précision, les dégâts reçus et la rapidité d’exécution.

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### Réalisation technique

Visuellement, pour un jeu de première génération PS2, **Journey to Jaburo** propose des modèles de Mobile Suits détaillés et assez fidèles aux designs originaux. Les environnements, bien que parfois vides ou répétitifs, bénéficient de textures correctes pour l’époque, avec quelques effets de lumière, d’explosions et de particules qui renforcent l’intensité des combats.

Les musiques s’inspirent fortement de l’univers Gundam avec une orchestration dramatique et une ambiance martiale qui accompagne bien l’action. Les voix japonaises (dans la version japonaise) et les doublages anglais (dans la version américaine) sont de bonne qualité pour un jeu de cette époque.

L’interface est sobre, sans surcharge, et le HUD affiche les éléments nécessaires sans distraire.

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### Modes de jeu

En plus de la **campagne principale**, le jeu propose un **mode simulation** qui permet de jouer des missions indépendantes avec d’autres unités que le Gundam, une **encyclopédie des Mobile Suits** qui se remplit au fur et à mesure des rencontres, et un **mode Time Attack** pour améliorer ses scores.

Ce contenu additionnel permet de prolonger un peu l’expérience, bien que la durée de vie reste relativement courte, avec une campagne terminable en une dizaine d’heures.

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### Réception et bilan

À sa sortie, **Journey to Jaburo** a reçu un accueil mitigé. Les fans de Gundam ont salué sa fidélité à l’univers, son atmosphère et son respect du matériau d’origine. En revanche, certains joueurs plus éloignés de la saga ont critiqué la lenteur du gameplay, le manque de variété dans les missions et les limites techniques.

Le jeu souffre également d’un certain manque de polissage dans son gameplay, avec une maniabilité parfois frustrante, notamment dans les phases de tir en mouvement ou d’esquive.

Néanmoins, **Journey to Jaburo** reste une expérience unique dans l’histoire des jeux Gundam. Il s’agit d’une tentative sincère de transposer l’anime original dans un format interactif plus sérieux, éloigné des jeux d’arcade ou de combat plus nerveux.

Il a posé les bases de futurs jeux comme **Zeonic Front** ou **Encounters in Space**, tout en prouvant qu’une approche plus narrative et réaliste de Gundam avait tout autant sa place que les autres concepts dans l'univers du jeu vidéo dédié à cette licence.